Stratégie intégrale pour le contrôle du varroa en apiculture

Impact du climat sur la reproduction du varroa

Les conditions climatiques actuelles, avec des températures élevées et des hivers doux, favorisent la reproduction du parasite Varroa destructor, car il devient de plus en plus difficile que des arrêts naturels de couvain se produisent dans les ruches. Cette incidence élevée et prolongée du Varroa contribue à aggraver le stress nutritionnel auquel les ruches sont déjà soumises en raison de facteurs tels que le changement climatique, la surcharge de ruches dans certaines régions et la présence de vastes zones de monoculture. De plus, il convient de ne pas oublier que le parasite lui-même se nourrit du corps gras de l’abeille, provoquant ainsi un déficit nutritionnel en soi. Par ailleurs, Varroa agit comme vecteur d’autres maladies, telles que le virus des ailes déformées (DWV), aggravant encore l’état sanitaire des colonies.

Cette situation complexe conduit à des ruches qui arrivent à la fin de la saison affaiblies, immunodéprimées et avec des taux élevés de parasitisme.

Importance du contrôle continu et précoce

Le contrôle efficace de Varroa nécessite une stratégie intégrale incluant une surveillance régulière, ainsi que des traitements et des pratiques appropriées tout au long de l’année. Voici les concepts clé pour comprendre l’importance du contrôle continu et précoce :

• Croissance exponentielle du varroa : La population de varroa croît de manière exponentielle, doublant presque chaque mois en présence de couvain. Par conséquent, il est essentiel de ne pas se limiter à un seul traitement en fin de saison.
• Dommages sur l’abeille à l’échelle individuelle et sur la colonie : Les acariens se nourrissent du corps gras de l’abeille, provoquant faiblesse, perte de poids, immunodépression… De plus, Varroa agit comme vecteur d’autres maladies, notamment le virus des ailes déformées (DWV).
• Stratégie de traitement précoce : Traiter en début de saison prépare les abeilles à un bon redémarrage printanier et limite la charge parasitaire dès le début de la saison.
• Traitement tardif et pertes hivernales : Un traitement tardif augmente les pertes hivernales. Plus le traitement est appliqué tardivement, plus l’impact négatif des acariens sur la colonie est favorisé, rendant l’élimination du parasite plus difficile et augmentant la mortalité hivernale. De plus, à la fin de l’été et au début de l’automne, les abeilles d’hiver sont générées, chargées de « démarrer » la ruche au printemps suivant, et la qualité de cette génération d’abeilles est fortement liée à l’état sanitaire et nutritionnel de la colonie. Il est donc crucial de surveiller Varroa à l’avance et de ne pas attendre le traitement de fin de saison.

En tout état de cause, la surveillance régulière est cruciale pour connaître notre point de départ, ce qui nous aide à évaluer le niveau d’infestation et à prendre des décisions éclairées et en temps opportun sur les traitements. De plus, cela permet de vérifier l’efficacité des traitements appliqués et d’ajuster les stratégies selon les besoins.

Stratégie intégrale pour le contrôle de Varroa

Pour faire face à la problématique du Varroa, il est essentiel de mettre en œuvre une stratégie intégrale couvrant toutes les saisons de l’année et combinant différentes pratiques de gestion pour préserver la santé des colonies. Voici les principales pratiques recommandées :

1. Réalisation de comptages
   Réaliser des comptages de Varroa périodiquement est fondamental pour évaluer le niveau d’infestation et prendre des décisions éclairées en fonction de l’état de la ruche, du moment de l’année et du type de traitement le plus approprié à appliquer. Il est particulièrement important de réaliser ces comptages avant et après l’application des traitements pour vérifier leur efficacité et pouvoir prendre des mesures supplémentaires en fonction du taux d’infestation résiduelle.
   Les comptages peuvent être effectués de différentes manières :
   • Chute quotidienne des acariens varroa sur le fond sanitaire avec des feuilles adhésives.
   • Comptage du nombre d’acariens phorétiques dans un échantillon de 300 abeilles par lavage à l’alcool, test au sucre glace ou injection de CO₂ (exemple : Varroa EasyCheck).
   • Comptage des acariens dans le couvain operculé : découper 200 alvéoles de couvain d’ouvrière et compter le nombre d’alvéoles infestées.

2. Utilisation correcte des traitements disponibles
   Il est crucial d’utiliser les traitements disponibles correctement, en respectant tant la méthode d’application que la durée de ceux-ci. Cela garantit l’efficacité du traitement et réduit le risque d’apparition de résistances. Il est important de rappeler que les traitements doivent toujours être basés sur des médicaments officiels enregistrés par l’agence du médicament.

3. Rotation des principes actifs
   Pour lutter contre l’apparition de résistances, il est essentiel de faire tourner les principes actifs utilisés dans les traitements. Un exemple de cette pratique est la combinaison de médicaments dont le principe actif est l’acide oxalique et l’amitraze :
   • Médicaments à base d’Acide Oxalique (exemple : Oxybee) : Utilisés comme traitement de choix au printemps-été, lorsque des traitements à action rapide sont nécessaires sans risque de résidus.
   • Médicaments à base d’Amitraze (exemple : Apivar) : Utilisés comme traitement de longue durée en fin de campagne, permettant une libération soutenue d’amitraze qui affecte plusieurs générations d’acariens.

4. Exploitation des pratiques de gestion pour appliquer les traitements
   Pour utiliser les médicaments à base d’acide oxalique dans des ruches exemptes de couvain, diverses pratiques de gestion peuvent être exploitées, telles que :
   • Renouvellement des reines en début de saison : Le renouvellement des reines peut induire une pause dans la ponte, facilitant l’application de traitements à base d’acide oxalique lorsque toute la varroa est sur l’abeille (varroa phorétique).
   • Réalisation de ruchettes : En divisant les ruches pour former des ruchettes, on crée une opportunité pour traiter les ruches mères sans couvain operculé.
   • Arrêts naturels de couvain : Dans les régions très chaudes et sèches en été ou les zones avec des hivers froids, les ruches peuvent naturellement réduire le couvain, offrant un moment optimal pour appliquer des traitements à base d’acide oxalique.

Combinaison de traitements avec différentes cinétiques d’action

La combinaison de traitements avec différentes cinétiques d’action est essentielle pour un contrôle efficace de Varroa. Le choix du traitement doit être basé sur le moment de l’année et la charge parasitaire de la ruche. Par exemple :

• Printemps-Été : Application de traitements rapides comme les médicaments à base d’acide oxalique (Oxybee) pendant les périodes de faible couvain, comme la pause estivale ou avant de commencer la campagne après l’hiver, afin de réduire rapidement la charge de Varroa.
• Fin de la Campagne : Application de traitements de longue durée comme les médicaments à base d’amitraze (Apivar) pour assurer un contrôle soutenu de Varroa pendant l’hiver.

Exemple Pratique : Méthode SOMA (Summer Oxybee® Mite Away)

Avec l’arrivée de l’été, les températures élevées influencent le comportement des abeilles et la gestion des ruches. Une conséquence notable est la réduction du couvain operculé (CO), car la reine diminue sa ponte. Ce phénomène présente une opportunité cruciale pour les apiculteurs : réduire la quantité de Varroa dans les ruches afin de traiter avec de l’acide oxalique.

Qu’est-ce que la Méthode SOMA ?

La méthode SOMA consiste à regrouper le couvain operculé dans une ou plusieurs ruches spécifiques, permettant ainsi de traiter le reste du rucher sans couvain. Cette technique maximise l’efficacité du traitement contre Varroa, car le parasite a moins d’endroits pour se cacher et se reproduire.

Étapes de la Méthode SOMA

1. Regroupement du Couvain Operculé
   La première étape consiste à regrouper tout le couvain operculé (CO) dans une ou plusieurs ruches. Cette gestion initiale est cruciale, car elle facilite le traitement ciblé et réduit la dispersion de Varroa.
2. Application d’Oxybee®
   Une fois le CO regroupé, on procède à l’application d’Oxybee® dans toutes les ruches sans CO. Ce produit, spécialement conçu pour le contrôle de Varroa, est très efficace lorsqu’il est utilisé dans des ruches sans couvain.
3. Sélection de la Variante de Gestion
   • Méthode SOMA : Placez deux lanières d’Apivar® dans les ruches où tout le couvain operculé a été regroupé. Apivar® est un traitement efficace et reconnu pour le contrôle de Varroa.
   • Méthode SOMA QUEEN : Encloisonnez la reine des ruches avec du couvain operculé et, après 28 jours, traitez ces ruches avec Oxybee® juste après avoir libéré les reines. Cette méthode garantit un contrôle rigoureux de Varroa tout en permettant à la reine de reprendre normalement sa ponte par la suite.
   • Méthode SOMA ECO : Pour ceux qui préfèrent une option plus naturelle, traitez les ruches avec un médicament écologique compatible avec la présence de couvain operculé.

Procédures de sécurité

Il est essentiel de suivre certaines mesures de sécurité lors de l’application de tout traitement dans les ruches :

• Équipement de protection : Toujours utiliser un équipement de protection adéquat pour éviter les piqûres et l’exposition aux produits chimiques.
• Instructions du produit : Suivre rigoureusement les instructions du fabricant pour l’application d’Oxybee® et d’autres produits.
• Surveillance continue : Assurer un suivi régulier des ruches après le traitement pour évaluer son efficacité et l’état de santé général des abeilles.

Conclusion

Le contrôle de Varroa destructor nécessite une stratégie intégrale qui combine différentes pratiques de gestion et traitements tout au long de l’année. Il est crucial de réaliser des comptages réguliers de Varroa, d’utiliser correctement les traitements disponibles, de faire tourner les principes actifs et d’exploiter les pratiques de gestion pour appliquer des traitements dans des ruches sans couvain. La combinaison de traitements avec différentes cinétiques d’action, en fonction du moment de l’année et de la charge parasitaire, est la clé pour maintenir la santé et la productivité des ruches.

La méthode SOMA, combinée à l’utilisation d’Oxybee®, offre une solution efficace et flexible pour les apiculteurs pendant l’été. En regroupant le couvain operculé et en traitant les ruches sans couvain, l’efficacité du traitement est maximisée, réduisant significativement la charge de Varroa. Mettre en œuvre ces stratégies améliore non seulement la santé des abeilles, mais contribue également à la durabilité et au succès à long terme de l’apiculture.