Quelles sont les floraisons apicoles du début du printemps ?

Quelles sont les premières floraisons pour les abeilles ?

Les premières floraisons de l’année dans les zones les plus précoces sont celles des fruitiers, des amandiers et du romarin.

La roquette 

Les roquettes sont des herbes de la famille des Brassicacées (autrefois appelées Crucifères, en raison de leurs fleurs à 4 pétales, 4 sépales et 4 étamines disposés en croix), typiques du bassin méditerranéen. La plus fréquente est Diplotaxis erucoides, très visitée par les abeilles, qui fleurit trois semaines après une pluie, offrant une grande quantité de nectar et de pollen, très riche en graisses.

Fig. 1. Carte de distribution de la roquette, Diplotaxis erucoides.

Elle prospère généralement dans les fossés et les champs en jachère, les amandiers, les friches, les chaumes… où elle peut former de grandes étendues herbeuses, constituant une excellente ressource pour le démarrage des ruches. Ses apports sont très importants pour augmenter le couvain et les abeilles.

Lorsque les pluies sont suffisamment fréquentes et que les températures se maintiennent douces, ces apports peuvent être significatifs en complément de la récolte de romarin. Certaines années de météorologie particulièrement favorable, dans certaines zones, elle peut même produire un miel monofloral. Sa présence dans les miels provoque une cristallisation rapide, avec de gros cristaux, en raison de sa forte teneur en glucose.

Photo 1 à 2 : Rabaniza : Fleurs en détail et dans un champ d’amandiers. Crédit photo : Pajuelo

Son miel est de couleur très claire, similaire à celui de l’amandier et du romarin, mais il a une légère odeur de radis, peu intense et peu persistante.

D’autres plantes de cette famille et de cette période de floraison, dans d’autres zones, et moins fréquentes, sont les crucifères jaunes des genres Brassica (dont le colza, les navets et les radis), Sisymbrium, et les blanches veinées de Raphanus.

Les amandiers

L’amandier est un arbre d’origine asiatique, appartenant à la famille des Rosacées, cultivé depuis des millénaires dans les régions tempérées. Il nécessite entre 200 et 500 heures de froid (entre 0 et 7°C) avant de commencer à fleurir, entre la fin janvier et avril, selon les régions, mais il est sensible aux gelées tardives.

Fig. 2. Carte de distribution de l’amandier ; ces dernières années, sa culture s’est davantage étendue

Il existe plusieurs variétés d’amandiers. La pollinisation par les abeilles est indispensable pour une bonne récolte. En Californie, avec de vastes monocultures produisant 80 % des amandes mondiales, on paie jusqu’à 200 $ par floraison pour la location d’une ruche. Sa culture est en expansion, notamment avec des variétés auto-fertiles, qui dépendent moins de la pollinisation par les abeilles.

L’amandier fleurit avant l’apparition des feuilles. Comme pour de nombreuses plantes, on peut évaluer sa floraison en observant les bourgeons floraux au début de leur sortie de la dormance hivernale ; ces bourgeons sont globuleux, contrairement aux bourgeons de croissance, plus allongés.

Photo 3. Bourgeons floraux de l’amandier, celui du centre, terminal, plus allongé, est un bourgeon de croissance.

Sa fleur, comme celle de toutes les Rosacées, a 5 pétales, blancs ou roses selon la variété, 5 sépales, un grand nombre d’étamines et un ovaire central. Souvent, les pétales présentent des marques rosées indiquant aux visiteurs la position des nectaires.

Photo 4. Fleur d’amandier et abeille pollinisatrice

L’amandier produit une grande quantité de nectar, que les abeilles collectent avidement, surtout lorsque la matinée s’est réchauffée, puis en début d’après-midi. Les abeilles récoltent également son pollen en abondance, qui, tout comme celui de la roquette, sert à augmenter le couvain et la population des ruches. Comme pour la roquette, ce n’est que lors d’années de météorologie favorable et dans les zones de culture abondante que l’on peut envisager une récolte.

Souvent, son miel se mélange à celui du romarin. Il est de couleur très claire, avec un arôme fruité et un goût légèrement acide. Dans les zones de culture de variétés anciennes, il peut avoir des notes amères. Sa présence dans un miel induit une cristallisation très fine, de type crème. Un miel est considéré comme monofloral d’amandier lorsque au moins 25 % de son pollen provient de cette plante. 

Le romarin

Le romarin, Rosmarinus officinalis, est un arbuste vivace de taille moyenne, originaire de la région méditerranéenne, notamment du Nord de l’Afrique et du Sud de l’Espagne.

Sur le plan botanique, il appartient à la famille des Lamiacées (anciennement appelée Labiées, car ses fleurs possèdent deux lèvres). Ses feuilles sont très aromatiques, allongées, avec les bords enroulés vers l’intérieur pour éviter la perte d’eau par évaporation. Les jeunes tiges, où poussent les fleurs, sont carrées et couvertes de poils.

Il fait partie du maquis de substitution des chênaies, préférant les sols calcaires.

Fig. 3. Carte de distribution du romarin. 

Sa floraison est précoce, et elle constitue généralement la première récolte relativement sûre dans le Levant et le Sud de la péninsule, mais aussi du Sud de la France sur le bassin méditerranéen calcaire. Si les pluies sont favorables, il peut refleurir une deuxième fois à l’automne, avec moins d’intensité, généralement au détriment de la floraison printanière.

Sa fleur est composée de la fusion de 5 pétales, deux formant une lèvre supérieure et trois formant la lèvre inférieure. Ses deux étamines dépassent largement, se positionnant le premier jour (phase mâle) vers le bas, en contact avec les abeilles qui la visitent, tout en produisant du pollen ; ensuite, le filament se dessèche et se redresse, et le style qui conduit à l’ovaire descend pour occuper sa position (phase femelle), où il recueille le pollen laissé par une autre fleur sur la partie supérieure du thorax de l’abeille.

Photos 5 et 6. Fleurs de romarin, en phase mâle à gauche, et femelle à droite. Abeilles avec la tache typique de pollen de romarin sur le thorax supérieur. 

Son miel est très apprécié dans la région méditerranéenne, moins dans le Nord. Il est de couleur très claire, avec un arôme floral délicat et souvent des notes de camphre, et une prédominance de douceur avec de légères notes acides. Lorsqu’il est accompagné de la roquette, il cristallise rapidement avec de gros cristaux, tandis que s’il est associé à l’amandier, sa cristallisation est très fine et crémeuse. Un miel de romarin est considéré comme monofloral, lorsque au moins 12 % de son pollen provient de cette plante.