Que doit faire l’apiculteur en hiver ?

Fin décembre, l’hiver commence. Les activités dans les ruches pour l’hiver (période d’hivernation des abeilles) dépendent de chaque région, et, logiquement, toutes les suggestions suivantes ne seront pas applicables à votre cas. Cependant, la liste des actions à mener peut vous donner quelques idées.

La to do list

Le premier concept que nous devons bien comprendre est que les abeilles savent s’adapter au froid. Étant des animaux sociaux, elles possèdent des mécanismes collectifs pour générer de la chaleur dans la zone où elles forment la grappe. Pour que ces mécanismes fonctionnent, la ruche a besoin d’assez d’abeilles et de réserves.

Gestion de l’espace dans la ruche :

Enfermées, les abeilles se regroupent dans l’espace qu’elles peuvent gérer grâce à l’aide de l’apiculteur qui aura pris soin de retirer les hausses vides et d’utiliser des partitions pour réduire l’espace à chauffer.

Le couvain des abeilles a besoin de 32 à 35°C pour son développement. Les abeilles perdent leur mobilité et meurent de froid en dessous de 12°C. Dans une ruche, il y aura autant d’aire de couvain que de volume que les abeilles peuvent maintenir à cette température, quelle que soit la température extérieure. Faites donc en sorte que l’espace à l’intérieur de la ruche corresponde à la taille de la colonie. Un espace intérieur adéquat signifie moins de courant d’air, moins de dépense énergétique pour chauffer des espaces vides, et moins de probabilité d’héberger des intrus.

En réduisant l’espace, vous éviterez que les cadres non-couverts par les abeilles ne moisissent, et vous pourrez les stocker pour les utiliser lors de la prochaine saison. Les traitements que vous devez réaliser ou les nourrissements de maintien seront plus efficaces dans ces conditions.

Réduction de la ruche avec un poncho

Évaluation et fusion des petites colonies :

Vérifiez la taille des colonies. Celles qui ont moins de 4-5 cadres d’abeilles (selon les régions) auront du mal à passer l’hiver, et si elles le font, elles arriveront au printemps si affaiblies qu’elles peineront à remonter leur population et à récolter du miel. Fusionnez les petits essaims. Il vaut mieux retrouver une ruche vivante au printemps, plutôt que deux essaims morts.

Révision et assurance des réserves de nourriture :

Vérifiez les réserves de nourriture. Si les ruches sont légères, c’est un signe qu’il est temps de nourrir. Une étude récente de Neobeitar en Estrémadure sur les facteurs de survie en hiver, a montré que le premier facteur est la présence d’au moins 3 500 cm² de réserves de miel, ce qui équivaut à 1,5 rayons Layens ou Dadant ou 2 Langstroth.

Placement stratégique des cadres de miel et nourrissement supplémentaire :

Assurez-vous que les cadres de miel soient bien placés, c’est-à-dire qu’ils se trouvent aux côtés de la grappe. Réorganisez les cadres si nécessaire. Cela permettra aux abeilles de se déplacer latéralement dans leur zone de confort thermique pour trouver la nourriture. Si la ressource est en dehors de leur zone chauffée, elles ne la consommeront pas et peuvent mourir de faim, même en ayant la nourriture toute proche, ou mourir de froid en allant la chercher !

Si vous n’êtes pas certain que les réserves laissées soient suffisantes, ou si l’hiver est plus long que prévu, fournissez-leur un aliment complémentaire de maintien. Dans la rubrique nourrissement de notre site, vous trouverez une large gamme de nourrissement hivernal. Souvenez-vous aussi que, s’il n’y a pas de réserves de pollen, il est préférable d’opter pour une pâte protéinée, avec un certain pourcentage de protéines et de graisses. À cette époque, il est aussi impératif que l’aliment complémentaire soit solide. La pâte doit être placée au-dessus de la grappe d’abeilles, sur la tête des cadres et doit être ouverte par le bas pour augmenter le contact avec les abeilles. Si vous avez mis un nourrisseur, retournez-le pour mieux conserver sa texture.

Fin d’hiver et colonies mortes de faim :

En fin d’hiver, on peut trouver certaines ruches avec des réserves et néanmoins mortes de faim. L’image est frappante, les dernières abeilles ont essayé de conserver la chaleur en se mettant la tête dans une alvéole. Toutes les réserves proches sont vides. La raison de la perte : la nourriture n’était pas proche, et l’abeille n’a pas pu maintenir la température pour l’atteindre.

Protection de la ruche contre les nuisibles et les éléments climatiques :

Il va falloir réduire les entrées de la ruche. C’est le moment où les rongeurs et autres petits animaux des champs cherchent un abri. Bien sûr, une ruche confortable, chaude, remplie de miel et de pollen est toujours un endroit attrayant.

Attention aux emplacements : évitez l’ombre des arbres et les endroits humides peu ensoleillés. Facilitez aux abeilles le contrôle de la nosema dans un endroit au sec. Si vous habitez dans une zone humide, assure-vous aussi que les toits protègent les ruches de la pluie.

Si les inondations hivernales sont un problème, déplacez les ruches vers des zones plus sûres pendant que le temps est encore sec et que c’est possible. Il en va de même pour les zones qui, avec la pluie ou la neige, deviennent des bourbiers difficiles d’accès. L’eau suit son chemin et lorsqu’il pleut, elle descend des hauteurs avec force et peut emporter des ruches, les déplacer et obstruer leur entrée. Si les vents forts sont un problème, fixez les toits avec des pierres assez lourdes. Si l’emplacement est sédentaire, envisagez une protection contre le vent.

Ventilation et entretien de la ruche en hiver :

Fournissez une ventilation adéquate à vos ruches : l’air doit pouvoir entrer par le bas et permettre l’évaporation de l’eau condensée. 

Une inclinaison de la ruche vers l’avant permettra aussi d’évacuer l’eau, évitant ainsi une humidité excessive à l’intérieur et le refroidissement consécutif.

Préparatifs et réparations de matériel apicole en hiver :

Effectuez les réparations nécessaires maintenant pour la reprise. Avec le froid, il vaut mieux laisser les abeilles tranquilles. Il est préférable de rester dans l’entrepôt et de préparer le matériel pour qu’il soit prêt pour la saison.

Fondez les cadres retirés lors des dernières visites, tendez les fils et fixez la cire. Si le printemps est favorable, vous aurez besoin de cadres avec des feuilles de cire neuve pour faire vos essaims.

Désinfectez les ruches et les ruchettes avec un chalumeau et peignez le matériel dont vous aurez besoin pour qu’il ait le temps de perdre les odeurs de peinture indésirables.

Gestion sanitaire et préservation de la santé des ruches :

À cette époque, il est préférable de laisser les ruches tranquilles. Avec peu de mouvement des abeilles, il n’est pas conseillé de faire de traitements, car le produit ne pénétrera pas à l’intérieur de la grappe ou ne sera pas bien distribué.

Mieux vaut observer les planches d’envol pour détecter toute mortalité anormale. Si vous en constatez, prélevez un échantillon et envoyez-le à un laboratoire.

Miel

L’hiver est la période où les ventes de miel sont les plus importantes, les rhumes et le froid incitent à boire des boissons chaudes sucrées avec du miel. Le miel est un bon remède pour soulager la toux et les irritations de la gorge. Profitez-en, conditionnez-le et distribuez-le tout en prenant bien soin de vos clients fidèles. 

N’oubliez pas. Votre engagement envers vos abeilles. Prenez soin d’elles et elles prendront soin de vous. Un bon hivernage est la base de la future saison. Enfin, profitez aussi bien de l’hiver pour vous former.