Que doit faire l’apiculteur en été ?

Que doit faire l’apiculteur en été ? - APICULTEUR DÉBUTANT

L’été est arrivé, alors pendant que vous mettez vos lunettes de soleil et veillez à rester hydraté, il est essentiel de prêter également attention à vos ruches.

L’été arrive avec des températures élevées et une sécheresse palpable. Cette combinaison menace de réduire la floraison disponible, faisant de cette saison un moment crucial pour évaluer le bien-être de nos ruches, leurs réserves et considérer les compléments nutritionnels, si nécessaire.

Évaluation intégrale des ruches :

Le printemps a peut-être été bénéfique pour certaines ruches et moins pour d’autres. Il est essentiel d’inspecter chaque ruche individuellement, en se basant sur :

  • le nombre d’abeilles et de couvain présents
  • l’état nutritionnel des abeilles (bien nourries ou mal nourries)
  • la qualité de la ponte de la reine (quantité d’œufs)
  • la survie élevée ou faible du couvain operculé
  • la présence abondante ou rare de gelée royale autour des larves
  • l’âge de la reine
  • le niveau d’infestation de varroa

Après cette évaluation et en se basant sur ces critères, il est possible de classer les ruches en trois catégories et de déterminer les actions correspondantes :

  • En bonne condition : aucune intervention n’est requise. 
  • En condition moyenne : cela peut nécessiter des mesures comme l’alimentation, le renforcement de la population d’abeilles (en fusionnant éventuellement des colonies), le remplacement de la reine (si la population est robuste et suffisante), entre autres.
  • Non viable : les situations où la reine n’est pas efficace et où la population d’abeilles est faible, avec éventuellement des faux-bourdons présents, nécessitent une considération spéciale.

Les stratégies pour agir avec les ruches en été

La gestion des ruches pendant l’été sera ajustée en fonction des objectifs et projets spécifiques prévus pour ces mois dans l’exploitation apicole.

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Apiculteurs chargeant des hausses en préparation de la transhumance 

Transhumance vers des floraisons d’été 

Déplacer les ruches peut être coûteux, mais c’est crucial pour les maintenir en conditions optimales. Assurez-vous de rechercher et planifier la transhumance en vous basant sur des expériences précédentes et les conditions climatiques actuelles. 

L’expérience de production dans les implantations des années précédentes, que ce soit la vôtre ou celle d’autres apiculteurs, servira de guide pour planifier les routes de transhumance les plus appropriées. Le suivi des conditions météorologiques, la collaboration avec des informateurs locaux et les visites sur place pour inspecter les champs contribueront à prendre une décision finale bien fondée.

La préparation minutieuse des nouvelles implantations et l’élimination de la végétation superflue faciliteront les opérations dans le rucher et minimiseront les risques d’incendie, malheureusement fréquents en été.

Étant donné que la transhumance est un processus coûteux, il est essentiel de sélectionner les ruches les plus prometteuses en termes d’état de santé et de vigueur. Cela inclut les ruches avec une population suffisante pour garantir de bonnes récoltes, les ruchettes en croissance avec un potentiel devenir, des ruches complètes, ou celles qui ont besoin d’une floraison spécifique pour se rétablir et prospérer au futur.

L’évaluation du nombre de ruches que la nouvelle implantation peut soutenir selon l’objectif (récolter ou nourrir) est un autre aspect vital. Si la floraison est faible, le nombre de ruches doit être réduit, pas plus de 30 à 40, en s’assurant que dans leur rayon d’action de 1 à 1,5 km, elles trouvent suffisamment de floraisons.

Approvisionnement en eau

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Abeilles buvant en été 

Pendant l’été, l’eau, non seulement hydrate les abeilles, mais elle régule aussi la température et l’humidité à l’intérieur de la ruche, essentielle pour le développement du couvain.

L’eau est essentielle dans les ruches, maintenant l’humidité nécessaire au développement des larves et aidant à réguler la température. Les nourrices, qui produisent de la gelée royale – composée à 67% d’eau – nécessitent particulièrement cette ressource. En été, il faut fournir un point d’eau proche, environ 1 litre par semaine et par ruche, pour éviter l’arrêt du couvain. Fournir cette eau à l’ombre, avec une petite quantité de sel et en utilisant des dispositifs qui empêchent les abeilles de se noyer, tel que du bois flottant, des lentilles d’eau ou un réservoir à flotteur, garantira une disponibilité sûre et accessible. En résumé, une gestion attentive de l’eau est vitale pour la santé et la productivité de la ruche.

Protection contre la chaleur extrême 

Des mesures préventives doivent être prises pour éviter que les rayons ne fondent sous l’effet des températures élevées. On peut ainsi placer les ruches dans des zones ombragées et les peindre avec des couleurs claires.

La cire d’abeille devient malléable à 40 °C (Hepburn, 1983), une température fréquente dans de nombreuses régions du Sud, et qui peut être dépassée pendant plusieurs jours certaines années.Cette situation est particulièrement critique pour les rayons de cire neuve, étirés au printemps, qui n’ont pas encore abrité de couvain et qui sont plus susceptibles aux changements de température. Si ces rayons sont remplis de miel, ils peuvent s’effondrer, répandant le miel et, dans des cas extrêmes, obstruant la rampe d’envol, ce qui pourrait provoquer l’asphyxie de la ruche. Les rayons qui ont déjà abrité du couvain ou les plus vieux résistent généralement mieux à ce problème.

Que doit faire l’apiculteur en été ? - APICULTEUR DÉBUTANTEffondrement des rayons dû à un coup de chaleur 

Dans les régions particulièrement sujettes à de fortes températures, ou dans les zones touchées par des vents chauds fréquents, il est vital de prendre des mesures préventives pour éviter les coups de chaleur. Quelques stratégies recommandées incluent :

  • Le positionnement stratégique des ruches : placer les ruches dans des zones à l’ombre limitée et à l’abri de l’insolation directe peut aider à maintenir une température stable. 
  • L’utilisation de couleurs claires : peindre les ruches avec des couleurs claires aide à refléter la lumière du soleil, contribuant à réduire l’accumulation de chaleur. 
  • La chaux sur les toits : une précaution supplémentaire importante est de blanchir les toits des ruches avant l’arrivée de la chaleur. Cette mesure augmente la réflectivité et aide à maintenir la température interne à des niveaux adéquats.

En résumé, une gestion soignée et réfléchie des ruches, en tenant compte de l’emplacement, de la couleur et du traitement des surfaces, peut être essentielle pour prévenir les coups de chaleur et assurer le bien-être et la productivité de la ruche.

Débloquer la ponte

Il est vital de garantir à la reine suffisamment d’espace pour qu’elle puisse pondre ses œufs. Ceci peut nécessiter de remplacer certains cadres pleins par d’autres vides.

Après la floraison printanière, il est possible que la zone de ponte de certaines ruches soit obstruée par le stockage de miel et/ou de pollen. Cette situation peut sérieusement limiter la disponibilité d’alvéoles vides pour la ponte de la reine. Ceci peut, à son tour, restreindre la capacité de la ruche à renouveler et augmenter sa population d’abeilles.

Pour éviter ce problème, il est recommandé d’inspecter soigneusement la ruche et d’évaluer s’il y a des cadres pleins excédentaires qui pourraient bloquer la zone de ponte. Si cette situation est détectée, il est conseillé de retirer certains de ces cadres pleins et de les remplacer de préférence par de la cire étirée et vide.

Cette gestion proactive optimise non seulement l’espace disponible pour la reine, permettant une ponte efficace, mais favorise également une gestion saine des ressources à l’intérieur de la ruche. S’assurer que la reine a constamment accès à des alvéoles vides pour la ponte est un aspect fondamental de la gestion de la ruche, car cela facilite le renouvellement constant de la population d’abeilles et contribue à la vigueur et à la productivité de la ruche dans son ensemble.

Besoin de compléments nutritionnels ?

Envisagez de fournir des compléments, notamment si les ruches n’ont pas suffisamment de réserves de miel ou si elles sont situées dans des zones avec des floraisons peu nutritives.

Toutes les ruches n’ont pas la même efficacité en matière de collecte, et toutes les floraisons ne fournissent pas une nutrition complète aux abeilles. Les floraisons d’été issues des cultures de tournesol et de lavande sont souvent insuffisantes (car ce sont souvent des cultures hybridées et donc sans pollens), sauf s’il y a eu des pluies dans la région favorisant la disponibilité d’autres floraisons marginales.

Par conséquent, en se rendant à ces floraisons, il est vital de s’assurer que les ruches ont suffisamment de pollen stocké, ou sinon, de les compléter avec une portion adéquate de supplément protéiné.

Dans le centre de l’Espagne par exemple, pendant l’été, les abeilles ne peuvent collecter que quelques types de pollens (3 à 4 à Huesca et Teruel), qui sont généralement peu abondants et de faible valeur nutritive. Cependant, au printemps, et avec les éventuelles pluies de septembre, les options augmentent de manière significative (13 à 14 à Huesca et Teruel, selon Pajuelo, 2018).

Une nutrition protéinée adéquate, tant en quantité qu’en qualité, renforce la résistance des abeilles aux substances toxiques (Barascou, 2021). De plus, il est important de considérer les réserves de miel des ruches. Si elles ne sont pas suffisantes et qu’il n’est pas prévu de déplacer les abeilles vers une floraison plus favorable, il sera nécessaire de compléter l’alimentation en glucides (sucres). Dans ce cas, il est préférable d’utiliser une pâte plutôt qu’un sirop liquide, surtout pendant cette période.

En résumé, la gestion attentive de la nutrition des abeilles, en tenant compte des caractéristiques spécifiques des floraisons et des besoins particuliers des ruches, est essentielle pour maintenir une santé optimale et l’efficacité de la collecte. L’attention aux détails, comme le choix des compléments adéquats et le suivi des réserves de miel et de pollen, peut faire une grande différence dans le succès global en l’apiculture.

Risque de fausse teigne et conservation de la cire

Les fausses teignes peuvent détruire les rayons, en particulier par des températures élevées et lorsqu’ils contiennent du pollen ou des résidus de couvain.

La conservation des rayons de cire étirée est fondamentale dans toute exploitation apicole, car ils représentent une ressource précieuse. Cependant, ces rayons sont susceptibles d’être détruits par les fausses teignes de la cire (espèces Galleria et Anchroia), particulièrement dans des conditions de températures élevées. Il est important de comprendre que les fausses teignes ne se nourrissent pas principalement de la cire, mais de ce qu’elle contient, comme le pollen et les cocons riches en protéines que les couvains laissent collés aux parois.

Par conséquent, pour minimiser ce risque, il est essentiel de ne laisser dans les ruches que les rayons que les abeilles peuvent gérer. Tout excédent de rayons étirés contenant des aliments intéressants pour les fausses teignes doit être retiré et protégé soigneusement. Cela peut se faire en les stockant à une température inférieure à 12°C ou en les plaçant dans un récipient hermétique (comme un bidon ou une chambre) dans lequel on peut brûler du soufre, en prenant toujours les précautions de sécurité nécessaires.

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Cadre mangé par la fausse teigne de la cire 

De plus, il peut être utile de répéter le processus de combustion de soufre après 15 jours. Cette mesure supplémentaire permet de s’assurer que les œufs qui auraient pu survivre au traitement initial soient éliminés une fois qu’ils auront éclos et que les larves soient encore petites. De cette manière, il est possible d’assurer une conservation efficace de la cire, en protégeant un des actifs les plus importants en apiculture et en évitant des pertes inutiles.

Contrôle rigoureux du varroa :

L’augmentation de la population de varroa combinée à la diminution du couvain peut entraîner des infestations importantes. Il est essentiel de vérifier et, si nécessaire, de traiter les ruches pour garantir leur santé et leur longévité.

Pendant l’été, les ruches nécessitent une attention particulière en ce qui concerne la gestion de l’infestation du varroa. La population de ces acariens peut avoir augmenté depuis le traitement printanier, tandis que le couvain peut avoir diminué depuis l’explosion de cette saison. La confluence de ces deux forces peut entraîner une infestation extraordinairement élevée sur le couvain en été.

Au printemps, le rapport entre varroa sur les abeilles adultes et couvain operculé pouvait être de 1 à 3, une charge tolérable pour la ruche. Cependant, en été, ce rapport peut passer à 10 pour 1, entraînant des problèmes de malnutrition, de virus, de nosémose et d’autres maladies. Si ce problème n’est pas détecté et traité à temps, il peut conduire à l’effondrement de la ruche.

Que doit faire l’apiculteur en été ? - APICULTEUR DÉBUTANTTraitement des ruches avec des médicaments sous forme de lanières 

Il est donc essentiel de vérifier le niveau du varroa dans les ruches au début de l’été, en même temps qu’à la dernière récolte de printemps. Si un risque est détecté, il est essentiel de le traiter rapidement. Pendant cette période, il est recommandé de surveiller surtout le varroa dans le couvain plutôt que le varroa phorétique (sur l’abeille adulte). En cas de danger, il est conseillé de faire un traitement immédiat à l’acide oxalique et, si l’exploitation n’est pas bio, d’utiliser des lanières à base d’amitraz pour un contrôle plus prolongé.

Le choix du produit de traitement nécessite une révision minutieuse de sa fiche technique pour connaître les restrictions de température et la période d’attente. De plus, en été, il est crucial de prendre en compte les conditions de conservation des médicaments, tant dans l’entrepôt que dans le véhicule de travail. Les journées chaudes peuvent entraîner des températures très élevées (> 50 °C) pendant plusieurs heures, ce qui peut affecter l’efficacité du produit.

Enfin, bien que parfois il soit nécessaire de déplacer les ruches dans des zones mellifères à forte concentration de ruches, il est important d’évaluer le risque de réinfestations que cela peut entraîner. Une gestion soigneuse et une surveillance constante sont essentielles pour maintenir la santé de la ruche et prévenir les pertes dévastatrices qui résultent parfois d’une infestation non contrôlée pendant la période critique de l’été.

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ISNI 0000 0005 1801 1100 | Joshua Ivars es gerente de LA TIENDA DEL APICULTOR y autor del blog, donde comparte contenido técnico y práctico para apicultores. Con amplia experiencia en el sector apícola, se dedica a ofrecer consejos y soluciones basadas en las necesidades reales del apicultor, aportando su conocimiento en productos y prácticas esenciales para la apicultura.

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