Introduction
Nosema est un micro-organisme, du groupe des champignons, qui parasite les cellules de la paroi interne de l’intestin des abeilles, les détruisant. Cette paroi est celle qui produit les sucs gastriques, qui aident à digérer les aliments et absorbent les nutriments pour les passer aux capillaires du système de distribution au reste du corps, l’hémolymphe. Sa destruction empêche donc les abeilles de digérer les aliments et d’assimiler les nutriments. Cela les place dans une situation de dénutrition, les affaiblit. Et, finalement, dépendant d’une série de facteurs, peut provoquer leur mort.
Jusqu’en 2004, cette maladie a été classée en deux sous-catégories :
- la Nosema occidentale : Nosema apis ;
- la Nosema asiatique : Nosema ceranae.
L’application de techniques analytiques moléculaires avec les tests PCR, a permis de constater que les deux sont répandues dans le monde entier.
Le cycle de Nosema
Nosema possède des spores, qui sont de petites capsules avec une enveloppe protectrice qui enveloppent son noyau reproducteur. Cela lui permet de résister à des conditions diverses. Quand une spore est ingérée par une abeille, elle passe à l’intérieur et atteint l’intestin. Là, elle sera attaquée par les sucs gastriques, qui affaibliront son enveloppe. Au bout de l’intestin, cette enveloppe est très affaiblie, et permet la sortie du noyau, qui s’incorpore à une cellule de l’intestin et prend le contrôle de ses systèmes vitaux. La cellule épithéliale est forcée de changer ses schémas, et de se consacrer à fabriquer de nouvelles spores de nosema. Finalement, la cellule meurt, et libère dans l’intestin une grande quantité de spores, qui infecteront de nouvelles cellules intestinales. Ces dernières sortiront de l’abeille avec les fèces, contaminant d’autres abeilles.
Présence de la Nosema
Les deux types de Nosema sont très répandues, mais celle qui s’impose le plus ces derniers temps est l’asiatique : Nosema ceranae. Selon les analyses réalisées par PCR en Espagne, ses spores se trouvent dans environ 70 % des ruches. Bien que la plupart du temps, elle ne provoque que la perte de vigueur de la colonie, elle peut aussi provoquer la mort de la colonie en présence de certains facteurs stressants et aggravants (coup de froid, intoxication par pesticides ou résidus d’acaricides, mauvaise nutrition, mauvais emplacement du rucher, mauvaises pratiques de l’apiculteur, varroa…).
Quels sont les facteurs déclencheurs de la Nosema ?
Comme mentionné précédemment, la présence de facteurs stressants peut déclencher une mortalité par nosema. Il est donc important de les éviter. Un facteur très important est l’emplacement du rucher. Il favorisera la nosema s’il est situé dans un endroit peu ensoleillé, ombragé pendant la saison des pluies ou des brouillards persistants. Ou s’il est situé dans une zone avec des baisses de température brusques à la fin de l’automne ou au début du printemps. Dans ces conditions, la nosema peut se reproduire de manière fulgurante, causant des dommages importants, des mortalités, en un peu plus d’une semaine.
Symptômes et diagnostic de la Nosema sur le terrain et en laboratoire
Les symptômes de la nosema
Initialement, un symptôme équivoque de la présence de nosema est que l’abdomen d’une bonne partie des ouvrières ne dépasse pas clairement les ailes (voir photo). Dans les cas extrêmes, on peut avoir des abeilles aux apparences de mouches. Ce symptôme est provoqué par la dénutrition des abeilles, qui les oblige à consommer totalement leurs réserves de graisse situées sous le 5ème anneau dorsal de l’abdomen (3ème à la vue, car les deux premiers sont encastrés dans le thorax), le raccourcissant.
Mais ce symptôme peut également indiquer une mauvaise nutrition due à l’attaque de varroa, qui consomme également la graisse corporelle de ses victimes ; ou encore une mauvaise nutrition due à un manque de réserves, de miel ou/et de pollen.
Nous pouvons cependant différencier ces causes. Dans le premier cas du varroa, une couvée d’abeilles naît avec les ailes mal formées… mais il y aura des réserves de nourriture dans les cadres, surtout de miel. Si la malnutrition est causée par un manque de réserves, ce fait sera facile à apprécier lors de la révision des cadres de la ruche.
Le second symptôme de la nosema est la diminution de l’activité des abeilles, à la planche d’envol et à l’intérieur de la ruche.
Nosema apis produit également de la diarrhée, très liquide et de couleur brunâtre plus ou moins foncée, perceptible à la planche d’envol et à l’intérieur des cadres sous forme de traînées (voir photo). Mais ce symptôme n’apparaît pas avec Nosema ceranae.
Lorsqu’après un coup de froid une mortalité apparaît à la planche d’envol, si la moitié des abeilles ont l’abdomen « court », nous pouvons soupçonner que nosema en est la cause.
Âmes sensibles s’abstenir : Pour augmenter nos certitudes, nous pouvons effectuer une autopsie de la ruche : sur un minimum de 20 abeilles âgées (qui auront plus de spores de nosema en elles techniquement). Si aucune activité n’est présente à la planche d’envol, nous les capturons à l’intérieur de la ruche, du dernier cadre peuplé. Si une activité est présente à la planche d’envol, nous la fermerons un moment, pour permettre aux abeilles âgées de se regrouper et de pouvoir les capturer.
Le test consiste à analyser les organes qui vont sortir de ces abeilles après pression. Il faut donc tuer les abeilles en leur écrasant la tête… Chez les abeilles saines, sortiront, dans cet ordre : d’abord le cloaque (ampoule à matières fécales des abeilles – plus ou moins remplie de pollen déjà digéré), ensuite l’intestin grêle, puis le gros intestin, et, généralement, il se rompra (il est rare que le jabot de miel sorte aussi).
Chez les abeilles affectées par nosema, seules sortent le cloaque et le gros intestin. Le tube digestif se rompt à la jonction entre celui-ci et le gros intestin, car sa paroi est détruite par l’infection causée par Nosema.
Ce test peut être fait uniquement avec des abeilles fraîches. Sur des abeilles congelées, les cristaux de glace auront rompu les tissus, changeant leur consistance. Le test ne marche pas non plus avec des abeilles mortes depuis un moment, car elles auront commencé à pourrir.
Focus sur la couleur de l’intestin :
Le gros intestin est de couleur ambre, variable. La coloration n’est pas un symptôme de maladie. Il peut contenir des pelotes de pollen en digestion, de couleurs variées. Les taches blanchâtres superficielles ne sont également pas un symptôme de la nosema ; elles sont généralement des fragments de sacs d’air.
Le diagnostic en laboratoire de la Nosema
Le diagnostic en laboratoire a une fiabilité de 80 %. Il se fait en laboratoire. Il nécessite de broyer les abdomens de l’échantillon de 20 abeilles âgées avec des gouttes d’eau, et de monter une préparation avec une goutte du liquide résultant teintée avec du bleu de méthylène. Les spores ont la forme d’un grain de riz et peuvent ainsi être observées au microscope (vue x400), car ils ont une taille d’environ 4×2 microns. Elles apparaîtront non teintes, sur le fond bleu de la préparation.
Hygiène et prophylaxie
Lorsque nosema apparaît, des mesures d’hygiène avec le matériel des ruches affectées, et de prophylaxie pour éviter qu’elle ne réapparaisse, doivent être prises.
Parmi les principales mesures d’hygiène, il faut :
- Éliminer les abeilles mortes devant la planche d’envol, en les enterrant.
- Désinfecter les caisses des ruches affectées, avec un chalumeau, ou de la javel diluée à l’eau.
- Ne pas transférer des cadres de ces ruches à d’autres, et les désinfecter, comme les caisses, ou les brûler. La cire peut être recyclée, les spores ne survivent pas à 49 °C pendant 24 heures. (Et généralement, les ciriers chauffent la cire à une température bien supérieure pour éliminer les spores justement.)
Parmi les mesures prophylactiques, surtout au début du printemps et à l’automne, et surtout dans les exploitations ou les ruchers où cela s’est produit précédemment, il faut :
- Éviter les ruchers inondés, humides (zones de brouillard, rives humides…), ou peu ensoleillés (au milieu de forêts denses).
- Prendre soin de la nutrition, surtout des apports en pollen des colonies (Ultra-bee, etc.).
- Agir rapidement lorsque cela apparaît, en transférant à des établissements plus adaptés, et en corrigeant l’alimentation. Il n’existe aucun médicament enregistré contre nosema. Certains nutriceutiques à base d’extraits de plantes ont montré une efficacité, comme Concentrado N® et Nozevit®.
ISNI 0000 0005 1801 1100 | Joshua Ivars es gerente de LA TIENDA DEL APICULTOR y autor del blog, donde comparte contenido técnico y práctico para apicultores. Con amplia experiencia en el sector apícola, se dedica a ofrecer consejos y soluciones basadas en las necesidades reales del apicultor, aportando su conocimiento en productos y prácticas esenciales para la apicultura.