Parmi les neuf espèces du genre Apis, l’Apis mellifera est sans aucun doute l’une des plus intéressantes pour l’apiculture, raison pour laquelle elle s’est diffusée dans le monde entier. Bien qu’il existe d’autres espèces comme l’Apis cerana, Apis dorsata ou Apis florea.
Les abeilles du genre Apis n’existaient initialement pas sur les continents américains et australiens. Les Indiens d’Amérique centrale récoltaient le miel des abeilles du genre Melipona, dépourvues de dard et dont la production est nettement inférieure à celle de l’Apis mellifera.
En Europe, de plus en plus d’apiculteurs pratiquent l’élevage et la sélection de reines, la plupart à partir de sous-espèces étrangères ou de croisements, mais depuis quelques années, les races locales sont également sélectionnées.
Il est intéressant de connaître la diversité des races, lignées ou écotypes actuels d’Apis mellifera.
SOUS-ESPÈCES EUROPÉENNES D’APIS MELLIFERA
Apis mellifera mellifera (Abeille noire européenne)
Parmi toutes ces mellifera, il existe différents lignages d’abeille noire et d’importantes différences dans leurs séquences ADN. Lorsqu’elle n’est pas trop métissée génétiquement par d’autres sous-espèces d’importation et que l’environnement n’est pas trop dégradé, elle s’adapte merveilleusement bien à la région.
Avantages
- Sa rusticité, sa résistance malgré une sensibilité aux mycoses, une bonne aptitude à l’hivernage et une grande capacité d’adaptation.
- Faible propension à l’essaimage.
- Adaptée à son biotype.
- Grande longévité.
- Développement rapide de la colonie malgré un début de printemps assez lent.
Inconvénients
- Peut être agressive.
- Sa langue courte (5,7-6,4 mm) ne lui permet pas de butiner les fleurs profondes.
- Présence modérée sur le cadre.
- Production de miel plus faible.
- Faible capacité pour l’élevage de reines et la gelée royale.
- Dérive des ouvrières assez importante.
- Peut être vulnérable aux maladies du couvain.
Apis mellifera caucasica (Abeille caucasienne)
Appelée abeille du Caucase ou abeille grise. C’est une grande abeille de couleur gris foncé, avec un abdomen large et gris, composé de poils courts.
D’où provient l’abeille caucasienne ?
Elle est originaire des vallées du Caucase, entre les côtes de la mer Caspienne et celles de la mer Noire, et provient d’une dérivation vers la région du Caucase de la lignée C. Elle est assez similaire à l’abeille carnica.
Avantages
- Douce et docile.
- Langue longue (7,04 mm en moyenne).
- Résiste bien à l’hiver. Très adaptée aux zones à climat humide, froid ou variable.
- Faible essaimage.
- Bonne présence sur le cadre.
- Bonne base pour la création d’hybrides.
- Bon rendement en miel.
Inconvénients
- Grande propension sinon à propoliser, ce qui complique l’extraction des cadres.
- Assez susceptible à la nosémose.
- Développement lent au printemps, plus faible que dans d’autres races.
- Tendance au pillage et à la dérive.
- Pas la meilleure race pour former de nouveaux essaims en raison de sa répartition équilibrée entre nourrices, réserves et couvain.
Apis mellifera iberiensis (Abeille ibérique)
Appelée abeille espagnole ou abeille ibérique. Elle est de couleur sombre, souvent ébène.
D’où provient l’abeille ibérique ?
L’abeille est arrivée sur la péninsule ibérique en s’étendant depuis deux endroits : la lignée M (Apis mellifera mellifera) depuis l’Europe, fuyant les glaciations, pénétrant par les Pyrénées et colonisant la partie nord en se déplaçant vers le sud, et la lignée A depuis l’Afrique via le détroit de Gibraltar. Les deux lignées se mélangent et se croisent dans la péninsule ibérique.
C’est donc une abeille issue de l’hybridation de l’abeille noire européenne (lignée M) avec des variétés de la lignée A (africaine), ce qui donne à notre abeille ibérique un mix des caractéristiques de chacune, bien que dans des proportions différentes selon la région en Espagne.
Avantages
- Adaptée aux saisons et régions de la péninsule ibérique.
- Bonne exploitation des ressources de chaque saison.
- Bonne productrice de pollen.
- Bonne productrice de venin d’abeille.
- Interrompt la ponte en cas de conditions défavorables.
- Étend rapidement la cire et croît rapidement.
Inconvénients
- Très nerveuse et défensive.
- Forte propension à l’essaimage.
- Encline à propoliser en quantité importante.
- Son comportement défensif pose problème pour l’apiculture urbaine.
- Propension aux mycoses.
Apis mellifera carniolienne (Abeille carnica)
Appelée abeille carniolienne. Elle est de grande taille, de couleur foncée et très velue. C’est une race très proche de la ligustica, bien qu’elle ressemble par sa couleur à la caucasienne. Elle est sélectionnée en Allemagne depuis de nombreuses années et est l’une des races les plus utilisées dans le monde.
D’où provient l’abeille carniolienne ?
La zone de distribution naturelle de cette sous-espèce couvre le sud de l’Autriche, une partie de la Hongrie, de la Roumanie, de la Slovénie, de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine et de la Serbie.
Avantages
- Douce et docile.
- Langue longue (6,6 mm). Butine toutes les miellées et miellats.
- Bon développement au printemps. Très bonne pour les récoltes et floraisons printanières.
- Résiste bien à l’hiver. Consomme peu.
- Bonne tenue aux cadres.
- Bonne adaptation à tous les climats.
- C’est l’abeille qui a le moins de problèmes de dérive grâce à son bon sens de l’orientation.
- Propoliseuse peu.
- Peu sensible aux maladies du couvain.
Inconvénients
- Forte tendance à l’essaimage.
- Susceptible à la nosémose.
- Construit moins bien que les autres races.
- Récolte moins de pollen que la caucasienne et que la noire.
- Les reines vierges carnicas mettent plus de temps que les autres races à entreprendre le vol de fécondation.
Apis mellifera ligustica (Abeille italienne)
Appelée abeille italienne. Elle est de taille moyenne, de couleur cuivrée à jaune avec des bandes abdominales jaunâtres. Elle a un indice cubital élevé (indice permettant de déterminer une sous-espèce d’abeille selon les nervures de ses ailes).
D’où provient l’abeille italienne ?
Elle se retrouve presque partout en Italie. Grâce à ses qualités, cette sous-espèce est l’une des plus exportées, notamment vers les continents américains et australiens.
Avantages
- Habituellement douce.
- Langue longue (6,3 – 6,6 mm).
- Résistance à l’hiver.
- Faible essaimage, peu de cellules royales.
- Très bonne capacité de couvain, même en périodes défavorables.
- Bonne présence sur le cadre.
- Bonne base pour la création d’hybrides.
- Tire parti des miellées courtes et abondantes.
Inconvénients
- Très pillarde.
- Hiverne en grandes populations, entraînant une consommation hivernale importante.
- Croisée avec les faux-bourdons noirs (Apis mellifera m.), elle produit souvent une descendance très agressive.
- Sensible aux maladies (loques).
- En cas de faible flux de nectar en été, une pénurie de nourriture survient rapidement en raison de la forte consommation.
Autres sous-espèces d’Apis Mellifera non-européennes
Sous-espèce orientale d’Apis Mellifera
Ces abeilles orientales sont très proches de l’origine de l’espèce et sont issues de la ramification développée au Moyen-Orient. Elles se répartissent en Iran, en Syrie, en Turquie et en Arménie. Toutes ces abeilles ont en commun la capacité de supporter des températures estivales très élevées.
Voici les plus connues : Apis mellifera syriaca, Apis mellifera anatoliaca, Apis mellifera armiaca, Apis mellifera meda.
Sous-espèce africaine d’Apis Mellifera
Elles appartiennent à la lignée issue du Moyen-Orient qui s’est répandue depuis le Nord-Est de l’Afrique (lignée A). La progression de l’abeille mellifère en Afrique s’est faite en contournant le Sahara par le Nord et par l’Est. Les abeilles africaines occupent des environnements très variés, ce qui explique leurs grandes variations morphologiques et comportementales.
Voici les plus connues : Apis mellifera sahariensis, Apis mellifera scutellata, Apis mellifera capensis, Apis mellifera adamsonii, Apis mellifera lamarckii.
Croisements et hybrides d’abeilles
Pourquoi réaliser des croisements d’abeilles ?
Les différentes sous-espèces d’abeilles présentent une grande variabilité génétique, qui se retrouve même au sein de chaque ruche. C’est pourquoi les apiculteurs ont toujours cherché à améliorer les potentialités de leurs abeilles.
La majorité des sous-espèces décrites précédemment sont utilisées dans les croisements. Le croisement ou l’hybridation permet d’augmenter considérablement le rendement lors de la première génération, mais pose des problèmes tels que l’agressivité et l’essaimage.
Insémination artificielle des reines
Inconvénients de la sélection
C’est pour cette raison qu’il faut être très prudent avec les croisements non fondés. Comme nous l’avons mentionné, certains croisements obtenus présentent un comportement agressif une fois réalisés.
Actuellement, la sur-sélection est remise en question. Il semble que, chez l’abeille, le sur-développement d’un caractère génétique se fait au détriment d’un autre caractère. La recherche du meilleur croisement a conduit à de nombreuses erreurs, notamment celle de l’abeille africanisée. En plus des résultats catastrophiques, l’importation de races en vue de les croiser avec des races exotiques est à l’origine de l’introduction de maladies, de virus et de parasites.
L’utilisation massive d’hybrides inter-sous-espèces et le commerce de ces abeilles dans le monde entier modifient, parfois profondément, les caractéristiques des écotype locaux, qu’elles « contaminent » génétiquement ou même font disparaître. Et à long terme, la sélection conduit à un appauvrissement génétique des populations.
L’abeille Buckfast
Pour finir cet article, nous allons parler de la Buckfast, qui est sans doute le croisement ayant la meilleure réputation aujourd’hui. Cette hybridation, réalisée par le frère Adam dans le sud de l’Angleterre, contient principalement les caractères des abeilles ligustica et mellifera, croisement qui a ensuite été enrichi avec des abeilles sahariensis et carnica.
Avantages
- Peu essaimeuse.
- Très bonne butineuse. Bonnes performances de récolte de miel, notamment sur les floraisons estivales.
- Douce.
- Bonne résistance à l’hiver.
- Comportement hygiénique.
- Vol par temps froid.
Inconvénients
- Sujette aux loques, quand elle manque d’apports en pollen.
- Démarrage au printemps plus lent.
- Nécessite une grande spécialisation technique pour l’apiculteur.
- Comme c’est le cas lorsqu’on travaille avec une sous-espèce non-locale, elle exige une gestion spéciale : on ne peut pas faire de ruchettes « à l’aveugle » et il faut faire un remplacement annuel des reines pour ne pas perdre la descendance.
Conclusion
Les caractéristiques particulières des sous-espèces et des écotypes d’abeilles expliquent les résultats divergents obtenus par les auteurs qui ont étudié, chacun, un type d’abeilles.
Pour connaître au mieux une sous-espèce ou un écotype, il convient de l’étudier sur le terrain, dans ses conditions de vie naturelles, avant de penser à l’amélioration des techniques locales ou à la création de nouvelles méthodes d’exploitation.
Pendant longtemps, et encore aujourd’hui, les apiculteurs ont tenté de révolutionner l’apiculture en introduisant de nouvelles sous-espèces d’abeilles. Ils ont obtenu des succès dans certains cas, mais aussi des échecs, ce qui montre la grande difficulté de cette quête.
Aujourd’hui, on revient aux sous-espèces et aux écotypes locaux que l’on tend à améliorer, avec un intérêt croissant pour la multiplication des colonies les plus rentables.
En parallèle, les techniciens se lancent dans la voie des hybrides pour tenter d’obtenir des améliorations dans le quotidien apicole.
ISNI 0000 0005 1801 1100 | Joshua Ivars es gerente de LA TIENDA DEL APICULTOR y autor del blog, donde comparte contenido técnico y práctico para apicultores. Con amplia experiencia en el sector apícola, se dedica a ofrecer consejos y soluciones basadas en las necesidades reales del apicultor, aportando su conocimiento en productos y prácticas esenciales para la apicultura.