Le printemps est la saison de la floraison maximale et donc de la croissance des populations d’abeilles via leur instinct de reproduction et d’accumulation des réserves.
Bien que cette saison s’étende officiellement du 21 mai au 21 juin, selon les régions, elle peut commencer plus tôt, dès février sur la côte méditerranéenne, ou être retardée jusqu’en juin dans les zones montagneuses. Cette particularité de nos climats est la base de la transhumance des ruches, permettant de passer d’un printemps à l’autre et d’augmenter les possibilités de récolte.
En général, les floraisons de printemps sont mixtes, constituées de plantes herbacées (annuelles) et de buissons, différents selon chaque région. Certains apiculteurs les définissent comme des floraisons « de sol » ou « d’herbes ».
La majorité des apports à cette époque proviennent de la famille des Légumineuses. De la famille des Lamiacées, le romarin que nous avons déjà mentionné dans le post sur les floraisons du printemps précoce, les lavandes papillon et les thyms sont importants à cette époque. Il peut également y avoir des apports significatifs de la famille des Borraginacées, avec plusieurs espèces de vipérines (Echium sp.). Et, à une moindre échelle, des Astéracées (chicorées, Cichoryum sp., laiterons, Sonchus sp.) et des Campanulacées (campanules, Campanula sp.). Par ailleurs, dans certaines régions espagnoles, la culture des agrumes (Citrus sp.) est très importante à cette période.
Légumineuses, Fabacées
Une grande partie des floraisons de printemps, – qu’elles soient de plantes herbacées (annuelles) ou d’arbustes (vivaces), – appartient à la famille des Légumineuses (en raison de leurs fruits en gousses), aujourd’hui appelées Fabacées (leur genre représentatif étant les fèves, Vicia faba).
Parmi les plantes herbacées importantes pour l’apiculture dans cette famille, on trouve le lotier (Lotus corniculatus, et d’autres espèces de ce genre Lotus), et les dorycniums (Dorycnium sp.). Dans les prairies plus humides, les vesces (Vicia sp.), les luzernes sauvages (Medicago sp.), les cultures irriguées lorsque la fauche est retardée, les trèfles (Trifolium sp.) et dans les zones plus élevées, les mélilots (Melilotus sp.) se distinguent. Dans les sols pauvres, le sainfoin (Onobrychis sp.), dont certaines espèces sont herbacées et d’autres arbustives (ligneuses, vivaces), se démarquent également.
Fig. 1. Carte de distribution du lotier, Lotus corniculatus.
En plus du sainfoin, d’autres arbustes de cette famille sont également importants pour l’apiculture, tels que les anthyllis (Anthyllis sp.), ainsi que certains genêts mellifère et genévriers (Retama sphaerocarpa), fleurissant tardivement en été.
Comme pour l’amandier et le romarin, l’intensité de la floraison future peut être évaluée en observant l’abondance des bourgeons floraux, bombés, lorsque la plante commence son cycle de croissance.
Photo 7. Bourgeons floraux de genêt, Lygos sphaerocarpa.
En général, les plantes de cette famille sont de bonnes productrices de nectar et de pollen, produisant parfois du miel monofloral.
Certains arbres de cette famille sont également intéressants pour l’apiculture, comme le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia), qui produit le précieux miel d’acacia. Dans les zones au climat méditerranéen, le caroubier (Ceratonia siliqua) est présent, mais il fleurit en automne, favorisant l’hivernage des ruches, et peut produire un miel foncé et fort si les précipitations sont suffisantes.
Les miels provenant de cette famille de plantes sont clairs (sauf ceux de genêt et de caroubier), avec un arôme peu intense rappelant la farine, et une saveur douce sans autres composants. Si leur teneur en pollen le justifie, ils peuvent être définis comme des « miels de prairie », un nom plus approprié que celui générique de « mille fleurs » et qui évoque mieux le paysage d’où ils proviennent.
Sur le littoral méditerranéen, on peut produire un miel de certaines de ces légumineuses, ainsi que de romarin et de thym, qui se définit bien comme un miel de « garrigue », nom de ce type de végétation.
Les agrumes
Les agrumes (Citrus sp.), originaires d’Asie, appartiennent quant à eux à la famille des Rutacées, dont on trouve quelques plantes sauvages en Espagne, comme les Ruta sp. Ils sont cultivés en Espagne presque exclusivement sur la côte méditerranéenne, de Tarragone à Huelva, et dans la vallée du Guadalquivir. Principalement, on trouve des citronniers à Murcie, des orangers en Andalousie et à Valence, et des mandariniers à Castellón et au sud de Tarragone.
Fig. 2. Carte des cultures d’agrumes en Espagne.
La fleur d’oranger produit des miels très appréciés, clairs, avec un arôme floral et citronné marqué (antranilate de méthyle) et une saveur douce avec un composant acide important. Ils contiennent peu de pollen, en particulier lorsqu’ils sont récoltés dans des hausses, de sorte qu’un facteur de définition commerciale est la teneur en antranilate de méthyl. Chaque acheteur fixant une limite généralement supérieure à 1,0 mg/kg.
Les miels d’oranger sont les plus aromatiques et acides. Ceux de citronnier sont plus clairs et plus doux, avec une plus grande teneur en pollen, généralement au-dessus de 20%. Ceux de mandarinier dépassent souvent 15%. Mais ceux d’oranger en contiennent moins, parfois 5% voire moins ; c’est pourquoi on recourt au contenu en antranilate de méthyle pour les certifier. Les plus pauvres sont ceux des variétés Navel, sélectionnées pour leur stérilité pollinique afin qu’elles ne produisent pas de graines.
Les mandariniers ne produisent pas de graines non plus, bien qu’ils produisent du pollen, car ils sont auto-stériles et nécessitent le pollen d’une autre variété pour féconder leurs ovules ; si les plantations sont bien faites, sans cultures voisines de variétés pollinisatrices, il n’y aura pas de graines.
Photo 8. Fleur d’oranger, Citrus sp.
Argamula, Échiums, vipérine
Plusieurs espèces du genre Echium, principalement Echium plantagineum et Echium vulgare, de la famille des Borraginacées, sont connues sous ce nom et sont très attractives pour les abeilles, tant pour leur nectar que pour leur pollen.
Fig. 3. Carte de distribution de l’échium Echium plantagineum.
Ce sont des plantes annuelles ou bisannuelles, avec des feuilles couvertes de poils rigides, les feuilles basales en rosette, et des fleurs bleu violacé formées de 5 pétales soudés, avec des étamines et un pistil bifide saillants. Elles dépendent fortement des pluies printanières, et les bisannuelles prolifèrent énormément lorsqu’il y a deux printemps consécutifs avec de bonnes pluies.
Leur miel est de couleur claire, avec un arôme léger et une douceur sans autres composants, laissant parfois une sensation grasse en bouche. Elles produisent également beaucoup de pollen, de couleur noire caractéristique, peu apprécié sur le marché d’Europe centrale en raison de sa teneur en alcaloïdes pyrrolizidiniques, bien qu’il ne présente aucun danger pour les consommateurs.
Elle accompagne les floraisons de fleurs d’oranger en Andalousie et de lavande papillon (Lavandula stoechas) dans le centre et le sud-ouest de la péninsule. En raison de sa haute production de pollen, un miel peut être considéré comme monofloral d’Echium si au moins 70 % de son pollen provient de cette plante.
Photo 9. Argamula, échium, vipérine, Echium sp.
Les thyms
On appelle ainsi les plantes de toute espèce du genre Thymus, une trentaine d’espèces (notamment dans la péninsule espagnole, et certaines d’autres genres proches, bien que les plus fréquentes soient au nombre d’une demi-douzaine).
Ce sont de petits arbustes, avec de jeunes tiges carrées, généralement poilues et très aromatiques, utilisées comme condiment et à des fins médicinales, comme beaucoup d’autres plantes de la même famille, les Lamiacées (anciennement appelées Labiées), avec des fleurs à 5 pétales soudés en deux lèvres, une supérieure et une inférieure. Comme le romarin, et pour la même raison de minimiser les pertes d’eau par évaporation, leurs feuilles sont petites et le bord est enroulé vers l’intérieur.
Fig. 4. Carte de distribution du thym commun, Thymus vulgaris.
Photo 10. Thym commun, préfère les sols calcaires, Thymus vulgaris.
Fig. 5. Carte de distribution de la marjolaine, Thymus mastichina.
Photo 11. Marjolaine, thym blanc, thym à têtes, thym salsa, préfère les sols siliceux, Thymus mastichina.
Son miel est de couleur ambre clair à ambre, selon les plantes accompagnantes et la quantité de pollen qu’elles lui apportent. Son goût est nettement acide, avec un fort arôme phénolique (qui rappelle certains désinfectants comme le Zotal et autres). On l’accepte comme miel monofloral lorsque environ 12 % de son pollen provient de ces plantes.
Parfois, en Espagne, les ruches sortent du romarin sans avoir rempli les hausses, et les terminent dans le thym, qui est souvent la floraison suivante sur certaines routes de transhumance. Dans ce cas, on récolte généralement un miel extraordinaire, mais avec des pourcentages de romarin et de thym inférieurs à 12 % chacun, bien que cumulés, ils dépassent ce seuil. Ces miels peuvent être défendus comme étant d’origine florale mixte de Lamiacées.
Il est très fréquent que le thym soit accompagné de sainfoin. Et dans certaines régions, d’autres Lamiacées très attractives pour les abeilles, comme la sarriette (Sideritis sp.). D’autres plantes de la même famille également très attractives sont les sauges (Salvia sp.).
La Lavande papillon
La lavande papillon est une autre plante de la famille des Lamiacées, Lavandula stoechas. Bien qu’elle appartienne au genre des lavandes, présente des différences notables.
Fig. 6. Carte de distribution de la lavande papillon, Lavandula stoechas.
C’est un petit buisson ligneux, tout comme les autres plantes de cette famille que nous avons déjà mentionnées, à port bas, avec des feuilles aromatiques, aux bords enroulés vers l’intérieur pour minimiser les pertes d’eau ; les jeunes tiges sont carrées et poilues. Ses fleurs sont regroupées en une tête située sur un long pédoncule, plus ou moins long selon la variété de lavande papillon.
Photo 12. Lavande papillon, Lavandula stoechas.
Lorsque les pluies printanières sont adéquates, elle peut donner une bonne récolte de miel, de couleur claire, avec un arôme floral doux, principalement sucré, parfois avec de légères notes acides. On considère que son miel est monofloral lorsque environ 12 % de son pollen provient de cette plante.
En France, les miels de lavande sont très appréciés, ainsi que ceux de leurs hybrides stériles de pollen, les lavandins. Les producteurs de ces miels exercent une pression pour que les miels de lavande papillon, connus là-bas sous le nom de « lavande maritime », ne soient pas inclus dans ce groupe.
ISNI 0000 0005 1801 1100 | Joshua Ivars es gerente de LA TIENDA DEL APICULTOR y autor del blog, donde comparte contenido técnico y práctico para apicultores. Con amplia experiencia en el sector apícola, se dedica a ofrecer consejos y soluciones basadas en las necesidades reales del apicultor, aportando su conocimiento en productos y prácticas esenciales para la apicultura.