Au-delà d’un simple organe sensoriel, les antennes sont le principal outil de collecte de données des abeilles, car elles englobent différents sens comme l’odorat, le goût et le toucher. Elles sont également capables de détecter le mouvement et les vibrations, la température ambiante, l’humidité, le dioxyde de carbone, la gravité et la vitesse du vent.
Parties de l’antenne des abeilles
Image 1. Morphologie externe de l’antenne d’Apis mellifera vue au microscope électronique à balayage 40X
Les antennes sont divisées en trois parties principales (Image 1). Le scape, qui s’articule avec la tête. Ensuite, nous trouvons le pédicelle, un petit segment qui, avec le scape, permet les mouvements de l’antenne. La dernière partie est le flagelle, qui comprend dix articles chez les femelles et onze chez les faux-bourdons.
Les antennes sont constituées d’au moins sept organes sensoriels distincts, appelés sensilles. Elles sont formées d’une ou plusieurs cellules connectées au système nerveux central, et elles sont responsables des fonctions sensorielles chez les insectes.
Quelles sont les fonctions des antennes ?
Les abeilles n’ont pas d’oreilles, mais grâce à leurs antennes, elles sont capables de percevoir les sons. Dans le pédicelle, les abeilles possèdent un capteur qui détecte les vibrations des ondes sonores et du vent : c’est l’organe de Johnston, connu familièrement comme l’oreille des abeilles.
Elles l’utilisent aussi pour contrôler leur vol, s’orienter, détecter les champs gravitationnels et électromagnétiques, identifier d’autres abeilles de la colonie et communiquer avec elles. En fait, il est pensé que cet organe joue un rôle important dans la communication entre les butineuses pendant la danse en huit qu’elles exécutent (waggle dance) pour indiquer la direction et la distance de la source de nourriture.
Les antennes sont aussi responsables du sens du toucher. Grâce à leurs sensilles mécano-réceptrices, elles sont capables de reconnaître leur environnement physique et de détecter la forme des alvéoles, leur profondeur et leur épaisseur, ce qui est essentiel lors de la construction des rayons.
En plus de cela, les abeilles possèdent des sensilles spécialisées dans la détection des odeurs et des phéromones. Bien qu’elles aient la langue pour percevoir les saveurs, elles utilisent aussi ces récepteurs pour cette tâche. Quelle est leur utilité ? Elles peuvent détecter le goût et les odeurs des sources de nectar et décider laquelle est la meilleure option pour butiner. En effet, tout comme pour nous, certains parfums sont attirants, comme ceux des fleurs ou, par exemple, comme insectes sociaux, les phéromones émises par la reine pour moduler le comportement des ouvrières ou attirer les mâles pendant la période d’accouplement. En revanche, d’autres odeurs sont répulsives, telles que les phéromones d’alarme émises par les abeilles gardiennes dans les glandes de Nasanov (Image 2) face à un danger, provoquant de l’agressivité.
Image 2. Ouvrières dont on aperçoit la glande de Nasanov au-dessus du dard au bou de l’abdomen.
Les récepteurs des antennes sont également utilisés pour détecter l’odeur des abeilles mortes dans la ruche, afin de les retirer. Un autre exemple serait la détection des phéromones du couvain et de composés non-volatils en cas d’infestation par le varroa ou la détection de couvain mort (Image 3), ce qui entraînerait une augmentation du nettoyage contre les maladies, une caractéristique très intéressante pour l’amélioration génétique de nos ruches. Il a également été suggéré que l’accumulation du virus des ailes déformées (DWV) dans les antennes réduit ce type de comportement (Shah et al., 2009 ; Mondet et al., 2015).
Image 3. Mécanisme hypothétique d’hygiène contre le varroa impliquant des phéromones du couvain et des composés non-volatils.
De plus, les gardiennes utilisent leurs antennes pour reconnaître les autres abeilles et leur permettre d’entrer dans la ruche ou pour détecter des intrus et émettre des signaux d’alarme. Par exemple, lorsqu’une abeille nous pique, un signal est généré que le reste de la colonie est capable de détecter à travers ses antennes, et il sert à alerter et attirer d’autres abeilles pour piquer au même endroit (Image 4).
Image 4. Lézard mort avec plusieurs dards, attaqué par les gardiennes pour empêcher son entrée dans la ruche.
Les antennes ont également d’autres fonctions, comme la détection de la température, de l’humidité ambiante et de la concentration en dioxyde de carbone. Cette dernière fonction est particulièrement importante pour détecter la présence de prédateurs à proximité.
Dans un précédent post, nous avons décrit comment les abeilles voient, mais que se passe-t-il à l’intérieur de la ruche quand elles sont dans l’obscurité ? Leur mode de communication repose sur l’utilisation des sensilles présentes sur leurs antennes, partageant des informations sur les endroits où il est nécessaire de construire de nouveaux rayons, où est stocké le miel dans le rayon, où se trouve le couvain pour pouvoir en prendre soin, etc.
Comment maintiennent-elles leurs antennes propres ?
Les antennes sont un organe fondamental pour la réception des informations, elles nécessitent donc un nettoyage et un entretien réguliers. Pour cela, elles possèdent une structure spéciale sur leur première paire de pattes (Image 5). Cette structure est une encoche incurvée, appelée peigne, dans laquelle les antennes sont insérées pour éliminer les saletés présentes à la surface.
C’est un mouvement que les abeilles effectuent en permanence. C’est pourquoi, dans les anciens écrits, certains auteurs pensaient à tort que les abeilles se signaient constamment.
Image 5. Structure du peigne sur la première paire de pattes pour le nettoyage des antennes.
ISNI 0000 0005 1801 1100 | Joshua Ivars es gerente de LA TIENDA DEL APICULTOR y autor del blog, donde comparte contenido técnico y práctico para apicultores. Con amplia experiencia en el sector apícola, se dedica a ofrecer consejos y soluciones basadas en las necesidades reales del apicultor, aportando su conocimiento en productos y prácticas esenciales para la apicultura.
