Lutte contre Varroa : Conseils Essentiels pour Protéger Vos Abeilles

Le varroa est le principal problème en apiculture, et ce, partout dans le monde. C’est le seul fléau qui attaque indistinctement les abeilles adultes et le couvain et possède un cycle adapté à celui de l’abeille.

Cet acarien, dont l’apparence rappelle celle d’une tique, s’attache au corps des abeilles, leur causant des blessures, consommant leurs réserves de graisse ainsi que celles des larves. Il affaiblit ainsi les ruches et les rend plus fragiles face aux attaques de divers virus. En définitive, il provoque l’effondrement des colonies en quelques années, si elles ne sont pas traitées.

Où se trouve le varroa ?

Il parasite les abeilles à la fois au stade larvaire et au stade adulte : 3/4 de la population de varroa se trouve dans le couvain operculé (PHASE REPRODUCTIVE) et 1/4 sur les abeilles adultes (PHASE PHORÉTIQUE).

Cela signifie que lorsque nous voyons des varroas sur les abeilles, il faut penser qu’il y en a trois fois plus sous les alvéoles operculées.

Quelle est l’origine du varroa ?

Provenant d’Asie, il est arrivé en France en 1981 pour y rester. Sa présence est garantie dans tout rucher et sa propagation se fait :

• À l’intérieur de la ruche : par contact direct, les varroas passent d’une abeille à une autre et se détachent pour pénétrer dans les alvéoles avec des larves.
• À l’intérieur du rucher : par pillage, en échangeant des cadres ou à travers les faux-bourdons, qui peuvent transiter de ruche en ruche.
• D’une ruche à une autre : via les faux-bourdons cherchant une reine vierge ou par des essaims “sauvages” dans certaines régions du globe.
• D’une zone géographique à une autre : via les essaims commerciaux et la transhumance.

Une fois à l’intérieur de la ruche, le varroa est capable de détecter immédiatement quelles alvéoles de couvain sont sur le point d’être operculées, d’y entrer et de s’y cacher, juste sous la larve. Ensuite, il attendra que l’opercule soit refermé pour piquer la larve afin de se nourrir et de commencer son cycle de reproduction.

Le cycle du varroa

Processus et développement du varroa aux stades larvaire et nymphal de l’abeille.

La reproduction des varroa coïncide avec le stade de la nymphe (métamorphose) des ouvrières et faux-bourdons, qui se produit à l’intérieur des alvéoles de couvain. La femelle est facilement visible, comme une minuscule punaise de couleur marron (1-2 mm), tandis que le mâle est beaucoup plus petit (moins de 1 mm), en forme de poire et de couleur jaune clair.

La varroa peut avoir jusqu’à trois cycles de reproduction. Son cycle commence lorsqu’un varroa femelle fécondée pénètre dans une larve de 5 ou 6 jours (de préférence de faux-bourdon, car son cycle est plus long : 24 jours avant naissance). À 60 heures de l’operculation de l’alvéole, la varroa pondra un œuf de mâle, puis, toutes les 30 heures, un nouvel œuf, toujours de femelle. Lorsque le premier œuf de varroa termine son développement, il donne naissance à une larve de varroa qui, en se nourrissant de l’abeille en développement, deviendra une varroa adulte.

Le mâle complète son cycle en 6,5 jours, tandis que les femelles le font en 6 jours. La femelle Varroa vit sur les abeilles adultes lorsqu’elle ne se reproduit pas, tandis que les acariens mâles ne peuvent pas vivre en dehors de l’alvéole de couvain. Par conséquent, la fécondation des femelles par les mâles varroa se fait à l’intérieur de l’alvéole operculée.

Comment contrôler le varroa: La clé

Connaître les niveaux d’infestation du varroa dans vos ruches à la fin de l’été et à l’automne vous aidera à prendre des décisions de traitement. Ces traitements vous garantiront des colonies à l’entrée de l’hiver avec une charge moindre d’acariens. Cela permettra de réduire les pertes de colonies en hiver et vous fournira des colonies de printemps plus fortes. Le coût de remplacement d’une colonie d’abeilles et son nourrissement, plus la perte en production de miel sont de bons arguments pour effectuer un contrôle régulier.

Fréquence de contrôle du varroa

Il est important de vérifier au moins 4 fois par saison la présence du varroa :

• au début du printemps ;
• après une miellée ;
• à la fin de l’été (pour connaître le niveau d’infestation avant l’hiver) ;
• et une quatrième fois dans les ruches sans couvain (en novembre, par exemple, juste avant l’hiver).

Voici un bon exemple de calendrier de contrôle du varroa pour garantir au mieux des ruches saines :

Les méthodes de contrôle du varroa

Il existe trois méthodes de monitoring reconnues comme les plus fiables pour la prise de décision concernant le traitement et le contrôle du varroa :

• la biopsie de couvain operculé, ou, sur les abeilles adultes ;
• un lavage à l’alcool ou l’utilisation de sucre glace ;
• et le gaz CO₂.

Il existe également d’autres méthodes, comme les bandes adhésives et la désoperculation du couvain de faux-bourdon, qui sont moins fiables et/ou difficiles à interpréter.

Voici quelques-unes d’entre elles. Bien que nous ayons dédié un article exclusif au diagnostic et à la détection que vous pouvez lire en cliquant ici.

La méthode de biopsie du couvain operculé

1. Coupez un cadre de couvain : sortir un cadre de couvain operculé (de préférence d’ouvrière près de la planche d’envol, pour les faux-bourdons, le pourcentage peut être plus élevé si les varroas les ont atteints, mais il est plus variable)
2. Avec un couteau à désoperculer très affûté, coupez l’opercule d’environ 100 alvéoles d’ouvrières.
3. Videz le couvain sur le couvercle d’une ruche voisine en donnant un coup sec.
4. Comptez le nombre d’ouvrières et le nombre de varroas matures (seulement celles de couleur marron, les blanches ne comptent pas) ; si le couvain était fraîchement operculé et se défait en le coupant, compter le nombre d’alvéoles qui ont été désoperculées.
5. Calculez le pourcentage d’infestation : Taux d’infestation = (nombre de varroas / nombre de couvain d’ouvrières) x 100.

La méthode de contrôle du varroa au sucre glace

C’est une méthode qui peut être réalisée avec des matériaux très économiques, mais qui est modérément précise. Elle garde néanmoins les abeilles échantillonnées vivantes. Elle est moins précise que la méthode du lavage à l’alcool, car elle peut entraîner une grande variabilité de résultats. Elle doit être réalisée hors miellée afin d’éviter d’impacter vos productions et dans des conditions sèches, car l’humidité peut faire adhérer le sucre et les acariens aux abeilles.

1. Placez 30g d’abeilles (environ 300 abeilles) que vous récupérerez sur des cadres de couvain dans un bocal vide, (en veillant à ne pas inclure la reine). Bien qu’il soit beaucoup moins probable de tuer les abeilles en effectuant ce test, il pourrait être stressant pour la reine.
2. Placez une grille perforée (environ huit millimètres) sur le bocal. Ajoutez une ou deux cuillères à soupe de sucre-glace en poudre à travers la grille sur les abeilles. Retournez le bocal jusqu’à ce que les abeilles soient uniformément couvertes de sucre en poudre.
3. Placez le récipient à l’ombre pendant trois à cinq minutes. Prenez votre temps, car cela permet aux abeilles et aux acariens de se réchauffer et encourage les acariens à se détacher.
4. Retournez le bocal et secouez pendant une minute pour faire tomber les acariens et le sucre en poudre à travers la grille sur une surface plane. Le sucre en poudre contiendra les acariens délogés. Comptez les acariens.
5. Si les conditions sont venteuses lors de l’exécution de cette méthode, secouez le récipient à l’intérieur ou versez le sucre en poudre dans un seau blanc contenant de l’eau. Le sucre en poudre se dissoudra et les acariens restants pourront être comptés à la surface de l’eau.
6. Les abeilles peuvent être déposées à l’entrée de la ruche ou directement dans le nourrisseur.
7. Calculez le nombre d’acariens par 100 abeilles, comme pour le lavage à l’alcool (voir plus bas).

La méthode de contrôle du varroa au lavage à l’alcool (ou au savon)

Cette méthode consiste à immerger un échantillon d’abeilles dans un récipient avec de l’alcool pour séparer les acariens phorétiques des ouvrières, afin de les compter. Cette méthode est la plus précise en termes de résultats et est couramment pratiquée par les apiculteurs, les inspecteurs de ruches et les scientifiques à travers toute l’Amérique du Nord, notamment.

1. Utilisez un pot de miel et remplissez-le à moitié d’alcool.
2. Recueillez 30g d’abeilles (environ 300 abeilles) à partir d’un ou plusieurs cadres de couvain et placez-les dans le pot à moitié plein. Faites attention à ne pas inclure la reine dans cet échantillon, car cette méthode, bien que très précise, tue les abeilles. Assurez-vous d’examiner attentivement le cadre d’où sont recueillies les abeilles pour ne pas inclure la reine dans l’échantillon.
3. Agitez le pot contenant les abeilles échantillonnées pendant environ une minute pour détacher les acariens des abeilles.
4. Si vous utilisez un dispositif comme Varroa EasyCheck qui contient une grille de filtration, vous pouvez compter les acariens directement. Sinon, vous pouvez séparer les abeilles du liquide en filtrant le contenu du pot à travers un tamis fin. Une taille de maille de huit millimètres est suffisamment petite pour piéger les abeilles, mais assez grande pour permettre au liquide et aux acariens de passer à travers. Comptez les acariens dans le liquide filtré. Le liquide peut être réutilisé plusieurs fois s’il est filtré à travers une maille très fine après avoir compté les acariens.

Comment calculer l’infestation des acariens varroa ?

Cette méthode peut être appliquée au lavage à l’alcool, au sucre glace et au CO₂. Divisez le nombre d’acariens comptés par la taille de l’échantillon (300 abeilles), puis multipliez par 100. Le résultat indiquera l’infestation d’acariens en pourcentage. Par exemple, si votre échantillon contenait 300 abeilles (1/2 tasse) et que vous avez compté 12 acariens, divisez 12 par 3 (pour 300 abeilles, ou divisez par 2 pour 200 abeilles) = 4 % d’infestation.

QUAND TRAITER CONTRE LA VARROA ?

Le traitement varroa de pré-saison

Ce traitement a pour objectif de réduire le niveau d’infestation avant de placer les premières hausses de miel pour garantir une maîtrise des niveaux de varroa en présence pendant toute la saison et pour éviter le possible effondrement des colonies plus tard en été.

Généralement, il est effectué dans les conditions suivantes :

• Lorsque les conditions hivernales n’ont pas été favorables en raison des niveaux élevés d’infestation d’acariens après le traitement de fin d’été/automne.
• Lorsque le couvain a été présent tout l’hiver (même en petites quantités), ce qui permet une augmentation continue des infestations de varroa.
• Lorsque les populations de varroa sont élevées au début du printemps, en raison du pillage des colonies affaiblies par le nombre élevé de varroa et la dérive des faux-bourdons.

Dans certains pays européens, les traitements de printemps sont plus compliqués à réaliser en raison de l’apparition précoce du premier flux de nectar ainsi que l’interdiction de traiter avec les hausses présentes. De plus, certains traitements acaricides nécessitent un délai de sécurité, généralement de 14 jours, entre la suppression des traitements acaricides et la mise en place des hausses à miel. Ces exigences doivent être équilibrées avec la nécessité du contrôle de la varroa, la santé des abeilles et le désir de récolter du miel. Alternativement, les traitements d’hiver doivent être envisagés dans ces régions.

Le traitement varroa de fin d’été ou à l’automne (après la dernière récolte de miel)

Son objectif est de limiter le niveau d’infestation pour éviter l’effondrement des colonies très infestées à la fin de l’été et au début de l’automne.

On vise ainsi à réduire les niveaux de varroa dans les colonies avant l’hiver pour avoir des abeilles d’hiver plus saines, et commencer la saison suivante avec les niveaux les plus bas possibles dans les ruches. Pour avoir des abeilles d’hiver en bonne santé, il est important de réduire la quantité de varroa sur les abeilles nourricières pour l’automne, et donc les colonies doivent être traitées dès que possible après le retrait des hausses.

Alors que les populations d’abeilles et le couvain diminuent à la fin de l’été, le nombre de varroas reste élevé tant que le couvain est présent. Le stress parasitaire est plus critique pendant les mois d’août à octobre, car plusieurs phénomènes se produisent :

• Les niveaux de varroa augmentent à la fin de l’été/début de l’automne à mesure que le couvain d’abeilles mellifères augmente.
• La reprise de la production de couvain est liée aux flux de pollen de fin de saison.
• On constate une réduction abrupte de la production de faux-bourdons à l’automne, entraînant un transfert de varroa du couvain de faux-bourdons vers le couvain d’ouvrières. Ce couvain d’ouvrières d’automne est le plus infesté et c’est grave, car il va servir d’abeilles d’hiver à la colonie.
• On constate une diminution progressive du nombre d’abeilles dans la colonie et l’apparition d’abeilles d’hiver, dont la bonne santé est vitale pour un hivernage réussi.

Plus on traite tôt contre le varroa, plus on diminue les pertes hivernales de colonies

En retardant le traitement d’automne, les dommages du varroa à la colonie se prolongent. Ce traitement retardé compliquera l’élimination de la majorité des parasites et aggrave les effets du varroa sur les abeilles infestées avant le traitement. Un traitement précoce augmentera la survie en hiver et contribuera à renforcer les colonies de printemps.

Les différents types de traitements contre le varroa

L’éradication totale de ce parasite dans la ruche est pratiquement impossible, car il restera toujours une femelle fondatrice cachée quelque part dans une ruche ou même au sein d’essaims sauvages. Par conséquent, notre objectif sera par les traitements de minimiser son expansion autant que possible.

Normalement, un traitement doit être effectué en été, ou à l’automne, après la dernière récolte de miel. C’est LE moment où il y a le plus de varroas. Ce traitement vise donc à protéger le peu de couvain présent à ce moment-là pour obtenir des abeilles d’hiver de qualité. Le traitement est également répété au début du printemps si les contrôles montrent une charge parasitaire élevée. 

On peut établir trois niveaux d’infestation, mesurés sur le couvain operculé d’ouvrière, pour prendre des décisions :

• Moins de 5 % : Le traitement peut être retardé jusqu’à deux mois.
• Entre 5 et 20 % : Ne pas retarder de plus d’un mois. Traiter dès que le couvain disparaît.
• Plus de 20 % : Traitement immédiat. La ruche encourt un grave danger.

Si le monitoring a été effectué sur des abeilles adultes, il faut tenir compte que dépasser 3 % de varroa sur celles-ci entraîne des pertes importantes en production de miel pendant la saison et un pourcentage élevé de pertes hivernales.

Voici un tableau de toutes les molécules actives les plus utilisées avec leur application commerciale enregistrée, les médicaments et leurs observations :

L’AMITRAZE

Actuellement, c’est l’une des molécules les plus efficaces. Parmi les médicaments officiels à base d’amitraze (amidines) enregistrés en France, on trouve les suivants :

• APITRAZ en sachets de 10 lanières (5 ruches)
• APIVAR en sachets de 10 lanières (5 ruches)

L’ACIDE OXALIQUE

Attention : l’acide oxalique est corrosif pour l’homme comme pour la chitine des abeilles. Sa dispersion dans l’environnement est toxique.

L’un des meilleurs compléments aux traitements à l’amitraze est l’utilisation de l’acide oxalique. Il est adapté à l’apiculture biologique. Parmi les médicaments officiels à base d’acide oxalique enregistrés en France, on trouve les suivants : Varromed,  Oxybee, Apibioxal et depuis 2023 Varroxal. 

L’ACIDE FORMIQUE

Attention : l’acide formique est corrosif pour l’homme comme pour la chitine des abeilles. Sa dispersion dans l’environnement est toxique.

L’acide formique est une autre molécule très utilisée, notamment en apiculture biologique. Parmi les médicaments officiels à base d’acide formique enregistrés en France, on trouve les suivants : MAQS et Varromed, qui combine acide oxalique et formique. 

LE THYMOL

Attention : le thymol est corrosif et sa dispersion dans l’environnement est toxique.

Les médicaments valables pour l’apiculture biologique à base de thymol pour combattre la varroa en France sont : Apiguard, Thymovar et Apilife-Var. 

LES PYRÉTHRINOÏDES : Fluméthrine, Tau-fluvalinate

Attention : en raison de leur toxicité, ces traitements nécessitent le port de protections et ne doivent pas être rejetés dans l’environnement. 

Dans la famille des pyréthrinoïdes, nous avons principalement la fluméthrine et le tau-fluvalinate. Ce type de traitement était efficace, mais actuellement, ils rencontrent de nombreux problèmes de résistances. Les médicaments enregistrés en France à base de fluméthrine et de tau-fluvalinate sont : Apistan (Tau-fluvalinate), Bayvarol (Fluméthrine) et Polyvar Yellow (Fluméthrine).

Considérations sur les traitements

Tous les traitements qui agissent par contact doivent rester actifs dans la colonie pendant au moins un mois, afin de garantir que les poils des abeilles soient couverts de la molécule active choisie pendant au moins deux cycles, de sorte que lorsqu’un varroa s’accroche à une abeille, il subisse une intoxication par contact.

Une fois terminés, il est nécessaire de vérifier que les traitements ont été efficaces et que la population de varroas a été contrôlée. Il faut tenir compte du fait que l’efficacité est toujours variable en fonction de la résistance des varroas et de l’application.

Traitements varroa maison

ATTENTION : En France, les traitements varroa maison ne sont pas autorisés. Tous les principes et matières actives appliqués dans les ruches pour le traitement et le contrôle de leurs maladies doivent être des médicaments vétérinaires contre la varroa autorisés et bénéficiant d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM).

COMPLÉMENTS POUR LA LUTTE CONTRE LA VARROA

Les traitements chimiques sont les plus utilisés, mais on peut aussi augmenter leur efficacité en les combinant avec des traitements de gestion de lutte intégrée.

Fond de ruche sanitaire

Les fonds de ruches sanitaires sont un complément idéal pour les ruches. Certaines varroas tombent par accident, lors des manipulations de l’apiculteur ou par déparasitage, mais remontent dans les cadres.

En plaçant des fonds aérés (avec des grilles), les varroas tombent et on les empêche ainsi de remonter sur les cadres. Autre avantage de ces plateaux amovibles : ils facilitent le nettoyage et la vérification de l’efficacité des traitements contre le varroa.

Il est également conseillé de placer une feuille imprégnée de vaseline sous la grille du fond pour que les varroas y restent collés.

Alvéoles de 4,9 mm

C’est un sujet qui génère des débats et différentes opinions quant à son efficacité. Les alvéoles actuelles (normalement de 5,4 mm) que l’on trouve dans la cire gaufrée du marché sont de plus grande taille que celles fabriquées naturellement par les abeilles “sauvages”.

Certains affirment que revenir à la taille naturelle plus petite de 4,9 mm rendrait le développement du varroa plus difficile. Cependant, dans la pratique, il est difficile de faire ce changement, car de nombreuses colonies ne l’acceptent pas, et cela doit être fait en deux étapes, en passant d’abord par 5,1 mm. Scientifiquement, il n’y a pas encore d’études prouvant cette méthode. Nous déconseillons donc pour l’heure son utilisation.

Le confinement de la reine

C’est une pratique italienne qui commence également à être pratiquée en France, en Allemagne et en Espagne. Elle consiste à confiner la reine pendant 25 jours pour arrêter la ponte des œufs, de manière à pouvoir appliquer un traitement en l’absence de varroa dans le couvain. Cette méthode peut entraîner une plus grande efficacité du traitement, mais nécessite plus de travail manuel et des conditions climatiques et de floraison adéquates pendant la libération des reines.

Défense collective. Lutte génétique.

La sélection génétique des abeilles nous aidera à réduire le besoin de traitements pour leur survie. Des abeilles “tolérantes” au varroa apparaissent dans le monde entier depuis les années 90. Grâce au développement de mécanismes de comportement hygiénique de défense comme le VSH (Varroa Sensitive Hygiene), les abeilles sont capables de détecter les cellules infestées et de les désoperculer pour un nettoyage ultérieur. Un autre mécanisme est le « grooming » où l’abeille se nettoie et tente de se débarrasser du varroa en s’aidant de ses pattes et en la mordant jusqu’à ce qu’elle réussisse à s’en défaire (auto-grooming). Si cela ne suffit pas, elle demande de l’aide à d’autres abeilles. Cette méthode est similaire au comportement d’autres espèces animales comme les macaques avec l’épouillage. Dans cette vidéo, on peut observer comment elles luttent pour se débarrasser de l’acarien :

Bees fighting varoa

À gauche, cycle normal. À droite, comportement VSH.

Huiles minérales (vaseline), sels de cuivre, roténone et propolis

Leur utilisation peut aider à diminuer les niveaux de varroa seulement s’il y a une activité des abeilles, mais ils ne permettent pas de contrôler la population.

Division de ruche et essaimage artificiel

La division de ruches et la production d’essaims artificiels peuvent temporairement limiter la population de varroa dans une ruche en raison de l’absence de ponte par la reine en introduisant de nouvelles reines.

Il n’est pas souhaitable d’utiliser cette pratique pour réduire la pression de varroa, car les colonies divisées réduisent la productivité, tandis que la proportion de la population d’acariens sur les abeilles ne diminue pas significativement.

Forcer la production de faux-bourdons et les éliminer avant leur naissance

Les varroas parasitent jusqu’à 17 fois plus les larves de faux-bourdons que celles d’ouvrières (en raison de leur cycle d’operculation plus long, permettant le développement de plus de larves de varroa).

Pour avoir des cadres avec seulement du couvain de faux-bourdon, on introduit une feuille de cire avec des alvéoles spéciales de 7 mm ou on place un cadre avec seulement le tiers supérieur de la feuille de cire, de manière à ce que tout ce qu’elles complètent en dessous soit du faux-bourdon. De cette manière, on capte autant de varroas que possible.

Une fois operculés, nous pouvons les détruire (attention à le faire à temps avant qu’ils ne naissent, car sinon, nous aurons multiplié le problème). Certains optent même pour la congélation (ce qui tue les varroas et les larves) puis on remet les cadres dans la ruche pour que les abeilles puissent profiter de ce couvain de faux-bourdon mort comme source de protéines.

Contrôle du varroa avec couvain de faux-bourdon

Conclusions et autocritique

L’apiculture moderne nécessite un monitoring précis des colonies pour soutenir la prise de décisions et atteindre les objectifs de production (intensité de la production de miel, temps consacré au monitoring des ruchers, coûts, etc.).

Un monitoring régulier du niveau d’infestation de varroa conduit à des colonies plus saines, avec une plus grande productivité et une meilleure survie en hiver.

Un seul traitement ne suffit pas pour contrôler les infestations au varroa.

En conclusion, la varroa est un problème mondial. La clé réside dans la prise en charge attentionnée du sujet et la coopération.

D’un autre côté, les apiculteurs doivent également faire une autocritique et se rendre compte qu’il y a encore de mauvaises pratiques à éliminer, car elles ne font qu’aider l’acarien à créer davantage de résistances.

Exemples de mauvaises pratiques :

• Traitements insuffisants, avec des demi-doses, qui ne contribueront jamais à contrôler la population de varroas.
• Lanières mal placées, éloignées du couvain par négligence ou par fainéantise de prendre du temps pour le chercher.
• Traitement à une date incorrecte sans tenir compte d’autres facteurs.
• Laisser les lanières dans la ruche trop longtemps sans les retirer une fois le traitement terminé.
• Mettre plus de doses que recommandé, en pensant à tort que « plus », c’est « mieux ».
• Répéter pendant des années le même traitement, sans rotation et sans vérifier son efficacité, par commodité ou en raison de subventions.
• Appliquer des traitements maison sans discernement.

En résumé, la varroa est le plus grand problème mondial pour les apiculteurs ; la formation, la sensibilisation et le bon travail sont les moyens de combattre ce parasite odieux qui provoque tant de pertes et d’affaiblissements continus de nos abeilles.