Le pillage dans les ruches : comprendre le phénomène
La nature enseigne aux abeilles à rechercher leur nourriture sans faire de distinction de propriété : tout aliment sucré découvert est considéré comme une ressource à exploiter, quels que soient les moyens pour y parvenir. Dès les premiers vols printaniers, les butineuses partent en quête de nectar, mais elles s’intéressent aussi aux sirops, confitures, fruits mûrs et autres substances sucrées accessibles.
Les colonies ne se respectent guère entre elles lorsqu’il s’agit de miel. En période de disette nectarifère, certaines tenteront de piller autant que possible les réserves d’autres ruches. Cette dérive exagérée du comportement de butinage s’appelle le pillage.
Le simple parfum du miel est un puissant incitateur de pillage. L’odeur de la cire et du propolis joue également un rôle stimulant.
Fait paradoxal : ce sont souvent les colonies les plus fortes, avec les réserves les plus abondantes, qui se montrent les plus enclines à voler le miel des colonies faibles, incapables de repousser les intrus.
📷 Abeilles attirées par un pot de confiture ouvert
🔬 La propension au pillage dépend aussi du patrimoine génétique des abeilles. Certaines races, comme l’abeille ibérique ou l’abeille italienne (Apis mellifera ligustica), y sont particulièrement sujettes.
Comment détecter le pillage ?
Le pillage commence discrètement : quelques butineuses pénètrent dans une ruche voisine. Bientôt, d’autres abeilles excitées et bruyantes, recrutées par les premières, les rejoignent…
Mais parfois, le pillage se fait de façon si subtile qu’il passe inaperçu : les abeilles étrangères n’entrent pas en masse, il n’y a ni bagarres ni agitation. Pourtant, elles s’introduisent discrètement par les côtés ou par de petites fissures, passent inaperçues des gardiennes, et repartent avec du miel. Seule une observation attentive permet de détecter ce qu’on appelle le pillage progressif, difficile à maîtriser et souvent ignoré.
Il arrive aussi que l’on confonde un simple comportement de nettoyage avec du pillage : par exemple, lorsque les abeilles nettoient du miel ou du sirop ayant coulé à l’extérieur de leur propre ruche. Cette activité cesse rapidement, tout comme le remue-ménage.
Les jeunes abeilles effectuent également des vols de repérage autour de la ruche pour mémoriser son emplacement. Ces vols d’orientation, typiques des jours ensoleillés pendant la période de couvain, ne doivent pas être confondus avec du pillage : ils sont paisibles et sans confrontation.
📖 Source : The Hive and the Honey Bee, Dadant & Sons
Conséquences d’un pillage
Lorsque le pillage devient incontrôlable, l’agressivité des colonies augmente, surtout si les réserves convoitées sont épuisées. Même les colonies les plus douces peuvent devenir agressives sous la pression constante des pillardes.
Si le pillage se produit entre ruchers distants, les effets peuvent être catastrophiques pour les colonies ciblées. Une simple compétition peut rapidement dégénérer en conflit meurtrier. En une heure à peine, un rucher paisible peut devenir un champ de bataille jonché de milliers de cadavres.
Causes possibles du pillage
Dans la majorité des cas, le déclencheur du pillage est l’apiculteur lui-même.
Par exemple, placer des hausses contenant encore des traces de miel au début du flux de nectar est une erreur fréquente. Il est préférable de stocker les hausses « sèches », sans résidus de miel, après la récolte.
D’autres erreurs favorisent le pillage :
- Laisser des cadres avec du miel à l’air libre.
- Renverser du miel ou du sirop en nourrissant les colonies sans précaution.
- Trop manipuler les ruches, surtout après la récolte ou en début de saison, lorsque la colonie est encore fragile et sans faux bourdons pour renouveler la reine.
📌 Note importante :
Contrairement aux idées reçues, utiliser un nourrisseur extérieur peut éviter d’ouvrir les ruches et ainsi réduire le risque de pillage.
Cependant, selon l’apiculteur Antonio Gómez Pajuelo, l’alimentation extérieure avec du pollen en poudre peut poser d’autres problèmes : dans certaines régions, les sangliers, porcs ibériques en liberté et autres animaux sont attirés par la poudre tombée au sol. Comme ce pollen sec ne colle pas bien aux corbeilles à pollen des abeilles, il est facilement perdu. Résultat : les animaux renversent les ruches ou les déplacent.
📷 Photo : ruches renversées par des sangliers attirés par le pollen sec.
Comment prévenir le pillage
Voici les bonnes pratiques à adopter pour éviter le pillage :
- Travailler rapidement et efficacement au rucher. Ne pas laisser les ruches ouvertes trop longtemps.
- Ne jamais verser de miel ou de sirop à l’extérieur des ruches.
- Ne pas abandonner de cadres contenant du miel près du rucher.
- Ranger les cadres bâtis dans des hausses ou corps hermétiquement fermés.
- Lors du nourrissement, réduire les portières d’entrée et nourrir à la tombée de la nuit.
- En période de risque, colmater toutes les fissures ou entrées secondaires des ruches.
- Commencer les inspections du côté opposé à la direction du vent.
- Récolter rapidement, de préférence en après-midi ou tôt le matin, après l’évaporation de la rosée.
🛡️ En cas de pillage sévère, il est possible de protéger la planche d’envol en y déposant de l’herbe fraîche ou en installant une baguette formant un petit porche. Les abeilles de la ruche s’y regroupent et peuvent mieux se défendre.
Les colonies faibles doivent être isolées dans un rucher à part. Leurs portières doivent être réduites et les manipulations limitées au strict nécessaire.
Toujours avoir un seau d’eau pour rincer les outils et se laver les mains. Privilégier des gants en caoutchouc, faciles à nettoyer.
Si vous devez manipuler des cadres avec du miel, placez-les dans une hausse hermétique, posée sur un couvre-cadres retourné, et recouvrez le tout d’un linge humide
ISNI 0000 0005 1801 1100 | Joshua Ivars es gerente de LA TIENDA DEL APICULTOR y autor del blog, donde comparte contenido técnico y práctico para apicultores. Con amplia experiencia en el sector apícola, se dedica a ofrecer consejos y soluciones basadas en las necesidades reales del apicultor, aportando su conocimiento en productos y prácticas esenciales para la apicultura.