Comment transporter des abeilles ?

Transporter des colonies d’abeilles n’est pas aussi simple que de déplacer une ruche. Il faut prendre en compte les distances, les facteurs environnementaux, l’état de la population de la ruche et appliquer une méthode adéquate pour éviter les pertes et minimiser le stress des abeilles. Dans cet article, nous abordons les différentes situations qui peuvent survenir lors des transhumances.

Déplacements courts de ruches au sein du même rucher

Lors de leur première sortie, les butineuses localisent la position de leur ruche par rapport aux herbes, buissons, piquets, pierres… qui l’entourent. Cela leur permet de revenir exactement à la planche d’envol de leur demeure après chaque sortie.

Ainsi, si les abeilles doivent être déplacées à courte distance, comme lorsqu’on change le rucher de lieu, une manière simple de le faire consiste à effectuer un déplacement graduel et quotidien de la ruche, de manière à ce que les abeilles ne soient pas désorientées par la nouvelle position de la planche d’envol.

Il est fondamental de déterminer une distance adéquate pour garantir un changement de lieu réussi. C’est très important, car on peut observer la tendance des abeilles à se perdre et à entrer dans d’autres colonies après chaque étape franchie. Si le déplacement n’est que légèrement effectué, par exemple de moins d’un mètre, les butineuses retrouvent leur ruche après un certain temps d’hésitation. Elles y pénètrent immédiatement ou s’installent sur la planche d’envol et lancent un appel, attirant ainsi le reste des butineuses de la colonie.

Les hésitations au retour de la butineuse diminuent au fil des jours et finissent par disparaître, permettant un nouveau petit déplacement. Si elles trouvent facilement leur propre entrée, la distance prise est sûre.

Lorsqu’il n’y a pas d’autres colonies à proximité de la ruche que l’on déplace, celle-ci peut être déplacée plus loin à chaque étape, car le risque de dérive est moindre. Les ruches peuvent être déplacées plus loin vers l’avant ou l’arrière qu’elles ne peuvent l’être latéralement, car les déplacements latéraux les désorientent davantage.

Contre la façade de la ruche, on peut aussi disposer un morceau de bois pour que les abeilles soient perturbées le lendemain par cette obstruction et marquent ainsi la nouvelle position.

Si un moment doit être choisi, il est idéal de le faire au crépuscule, juste au moment où les abeilles terminent leur vol et rentrent.

En résumé : déplacer à courte distance en conservant toutes les butineuses est réalisable en opérant par étapes hebdomadaires de 30 à 50 centimètres.

Déplacements intermédiaires : de quelques mètres à 6 km

Si l’on déplace une ruche à moins de 6 km (surtout à moins de 3 km), les butineuses retrouvent leur zone de butinage habituelle. De là, elles reviennent à l’emplacement initial de leur ruche… mais ne la trouvent pas, car elle a été déplacée et elles ne savent plus revenir à la nouvelle position. Ainsi, une grande partie de la colonie peut se perdre lors d’un faux mouvement.

Des branches et des feuilles placées devant une rangée de ruches qui vient d’être déplacée aident les abeilles à se réorienter.

De quelques mètres à 3 km

Par conséquent, pour déplacer une ruche à 2 km (par exemple) sans perdre les butineuses, cela doit se faire en deux temps.

Résumé graphique de la stratégie de déplacement à moins de 3 km

Comme on l’observe dans l’image, la première étape consiste à déplacer la ruche à plus de 6 km où elle restera pendant un mois en été ou plusieurs mois en hiver (minimum un mois) ; les abeilles qui connaissaient l’ancien emplacement sont mortes et ont été remplacées par de nouvelles abeilles.

Une fois cette période écoulée, on la reprend et on la place à l’emplacement final choisi dès le départ, à 2 km de sa première position et à plus de 6 km de sa position intermédiaire.

Dans ces conditions, les butineuses localisent et mémorisent le nouvel environnement après chacun des trajets qui leur sont imposés, sans pouvoir revenir au lieu précédent, car elles ne l’ont jamais connu.

De 3 à 5 km

Cependant, si un déplacement entre 3 et 5 km en ligne de vol par rapport à son emplacement précédent est effectué, peu d’abeilles reviendront à l’emplacement initial. Par conséquent, avec ces distances, le déplacement peut se faire en une seule étape sans trop perdre de population.

Il est préférable de les déplacer lorsque toutes les butineuses se trouvent dans la ruche, c’est-à-dire la nuit ou très tôt le matin.

Grandes distances : les transhumances

Le transhumant souhaite, autant que possible, transporter toutes ses abeilles avec le moins de pertes possibles. Pour cela, il les enferme dans leur ruche, ou bien il profite de l’obscurité pour les charger et partir sans les fermer. Les deux modes de transport, « à planche d’envol ouverte » ou « ruches fermées », sont couramment pratiqués, le premier étant privilégié par rapport au second.

À planche d’envol ouverte vs. ruche fermée

Si le transport ne dure que quelques heures, et qu’il fait froid ou que les ruches ne sont pas très peuplées, elles peuvent être entièrement fermées. Cela consiste à remplacer les couvercles des ruches par des grilles et à fermer les planches d’envol, ainsi le transport se fait « à ruche fermée ».

Cependant, malgré la grande surface d’aération offerte par la partie supérieure grillagée, un grand stress menant à des asphyxies se produit dans les ruches très peuplées. De plus, elles ont besoin d’humidité pour ventiler et elles la prennent aux larves, de sorte que si le stress est trop grand, le couvain ouvert pourrait disparaître… Pour éviter ce type d’incident et simplifier leur travail, les professionnels et amateurs optent pour le transport « à planche d’envol ouverte ».

On transporte à planche d’envol ouverte, surtout pour les colonies très peuplées ou sur de longs trajets en plein été, car il est nécessaire d’assurer l’approvisionnement en oxygène des abeilles ainsi que l’évacuation du dioxyde de carbone et de la vapeur d’eau résultant du fonctionnement de leurs organes.

En définitive, cette pratique offre un avantage en termes d’économie de temps et de travail, et il est constaté que les abeilles restent plus calmes qu’avec des ruches fermées.

Déplacement des ruches à planche d’envol ouverte

Les étapes à respecter :

1. Bien enfumer les ruches
2. Charger la ruche et continuer à enfumer si on voit des abeilles sortir
3. Couvrir avec un filet d’ombrage (obligatoire en Espagne, par exemple)
4. Voyager avec les ruches
5. À l’arrivée, ne pas arrêter le moteur et enfumer.

Le chargement

Cette technique doit être effectuée en soirée, quand presque toutes les abeilles sont rentrées dans la ruche et qu’il fait encore jour, de sorte que le chargement soit terminé avant la nuit.

Il est nécessaire d’enfumer la ruche au sol, puis de la porter à bras ou avec une brouette jusqu’à la caisse du camion, où elle est installée provisoirement. Là, un autre opérateur l’enfume à nouveau et l’installe à l’endroit où elle sera durant le voyage. Les ruches, alignées dans la même direction, avec les planches d’envol tournées vers l’avant ou l’arrière du véhicule, sont empilées jusqu’à deux mètres de hauteur. Certaines colonies laissées au rucher récupéreront les butineuses en vol.

En Espagne par exemple, il est obligatoire d’utiliser un filet couvrant toute la charge pour protéger contre la sortie des abeilles.

Exigence réglementaire

Le camion quitte le lieu au coucher du soleil. Parfois, l’apiculteur part le lendemain à l’aube pour arriver tôt sur le lieu d’installation. Pendant le chargement, on voit peu les abeilles. Cependant, comme réitéré par la réglementation espagnole, la charge est toujours recouverte d’un filet protecteur en nylon pour empêcher les abeilles de s’échapper et de déranger les passants.

Le transport

Pendant le voyage, les ouvrières se promènent sur les ruches ; peu se perdent, mais certaines sont écrasées par les secousses. Les abeilles tentent très rarement de sortir de leurs ruches lorsque le camion est en marche.

Lorsqu’on charge les colonies sur des camions ou d’autres véhicules, chaque couche de ruches doit être séparée par des lattes en bois pour faciliter la circulation de l’air. Les colonies correctement préparées peuvent être transportées même par temps chaud. Le camion doit rester en mouvement, mais si un arrêt est nécessaire, il ne faut jamais stationner en plein soleil.

Le déchargement

En général, le déchargement s’effectue au lever du soleil ou à la tombée de la nuit, pour éviter une sortie massive des abeilles lors de cette dernière manipulation.

À l’arrivée, lorsque le véhicule s’arrête, les abeilles sortent sur les parois. S’il fait nuit, le déchargement entraînera de nombreuses piqûres, ce qui peut intimider le personnel. Pour cette raison, il est préférable d’arriver au lever du jour, de laisser le moteur du véhicule tourner au ralenti pendant l’arrêt (les vibrations calment les abeilles), d’enfumer et de décharger tout en surveillant où l’on met les mains et les pieds. Les abeilles volent autour du chargement ; plus tard, elles retrouveront leurs ruches déjà posées au sol.